FÊTE DE LA SAINT-JEAN. HIER Á CHAZELLES.
En relisant les anciens livrets de l’Echo de Chazelles qui comportaient de nombreux renseignements historiques très intéressants et dont on pourrait s’inspirer tant il y a matière à raconter et à transmettre aux jeunes générations, nous sommes tombés sur les fêtes de Saint-Jean d’hier. Elles avaient une grande importance à Chazelles puisqu’il y avait une commanderie de Saint Jean, ce que personne n’ignore plus avec son château, ses murailles, ses tours et ses jardins. Nous en avons déjà longuement parlé et l’on peut se rafraichir la mémoire et suivant les liens ci-dessous:
On sait d’autre part que l’église construite par les Chevaliers, qui était autrefois au même emplacement mais sous la dépendance de l’Abbaye de Savigny et sous le vocable de Saint Michel, a été placée sous celui de leur Saint-patron, Jean et sous celui de Notre-Dame de l’Assomption, deux éléments que l’on trouve figurés en façade aux portes d’entrée de part et d’autre de l’ouverture principale du sanctuaire avec des figurines simples et symboliques en fer forgé. Il y a en plus dans l’église une chapelle pour Notre-Dame et une autre pour Saint-Jean avec de très beaux vitraux de Mauvernay. Les liens ci-dessous vous permettent de vous promener notamment dans l’église:
Les vitraux dans l’église de Chazelles
Pierres sculptées dans l’église de Chazelles
PETITE HISTOIRE DE L’EGLISE DE CHAZELLES-SUR-LYON.
Saint Jean, comme Saint Jacques, patron des Chapeliers, (à l’origine d’uns Confrérie, d’une grande dévotion et d’un rituel annuel) ont toujours été fêtés à Chazelles jusqu’au début du 20° siècle environ (1903: date de la dernière grande procession) où s’est installée alors une poussée d’anticléricalisme avec disparition progressive des évènements religieux extérieurs et notamment aussi le transfert de l’ancienne mairie en face de l’église vers sa situation actuelle qui était la maison et le clos du curé envoyés dans la maison ses soeurs hospitalières et enseignantes des soeurs St Charles sur la rue de Lyon (immeuble aujourd’hui disparu, juste avant l’hôpital, remplacé par un commerce. On avait aussi envoyé les frères maristes sur la rue de Lyon pour faire de leur école construite deux décennies plus tôt, l’établissement public scolaire actuel, celui de la Rue Tourteron (aujourd’hui Rue Emile Rivoire) modifié et agrandi à l’aube de la 2° guerre mondiale.
En ville on plaçait les branches de frêne aux portes et fenêtres des rez de chaussée des maisons du village, comme la tradition le voulait depuis plusieurs siècles, dans la nuit du 23 au 24 juin. Ces signes accrochés en facade ont persisté bien après 1903, probablement jusque vers 1925/30. De vieilles personnes de Chazelles s’en souviennent encore. En campagne, cela a persisté longtemps.
L’explication possible à cet usage du frêne ne peut être qu’ancestrale et remonter aux religions païennes, druidiques et saxonnes.
Troisième arbre de la langue des druides, c’est la lettre Nion. Il symbolise la renaissance, c’est “l’arbre du monde”, reliant le haut et le bas, porteur de vie, de durée et de sagesse. Les druides confectionnent leur baguette dans ses ramures. C’est avec son bois que l’on fabrique les lances des guerriers. Il libère et élève les pensées et les sentiments, purifie l’esprit.
Pour les Germains et les Scandinaves, ce frêne est l’arbre fondateur du monde, l’Yggdrasil. Il supporte la voûte céleste et prend racine dans la Sagesse. L’image symbolique de cet arbre totem a été perpétuée par les Chrétiens même s’ils introduisaient progressivement à leur place des Croix, à la demande de Charlemagne, qui contenaient le même symbole de relation entre la Terre et le Ciel. Le transfert symbolique ancestral s’est perpétué pour le frêne (Mélia) mellifère, et ce, malgré la victoire des moines chrétiens sur la religion druidique en s’évertuant à brûler un peu partout ces arbres sacrés dans les villages, Le frêne, arbre de vie, a continué à être largement utilisé au cours des fêtes dans la chrétienté. Il est à noter aussi que ce feuillage était et est toujours très apprécié en fourrage par les animaux des champs dont les bovidés qui en raffolent.
Cette explication est plutôt satisfaisante et a l’avantage de donner de la valeur au choix du feuillage utilisé dont la transmission intergénérationnelle est totalement orale. il faut du temps pour trouver cette explication et nous devons considérer que tout a un sens. Pourquoi pas, en effet, d’autres variétés de feuillages dont la présence est courante dans nos régions (bouleau, hêtre, peuplier…?
La journée du 24 juin consistait en une procession dans les rues de Chazelles avec des maisons toutes ornées de feillage de frène. Les habitants étaient approvisionnés en feuillage de frêne le 23 juin par des personnes qui coupaient les branches et les distribuaient en fagots. Ils étaient placés en façade dans la nuit du 23 au 24 juin. Le frêne, dans la région, a pratiquement disparu, atteint par une maladie. C’est une espèce fragile.
Tout le clergé, croix et enfants de choeur en tête suivis par les nombreux fidèles défilait à travers la ville. Il y avait, pour égayer les rues et les façades, de très nombreuses fleurs. On est en effet en pleine période de floraison. Les habitants étendaient aussi aux fenêtres des étages draps et couvertures, donnant aux rues traversées par la procession un formidable alignement de couleurs et de tissus variés. Quel spectacle cela devait être quand on sait le caractère très coutumier du farlot!
On portait pour cette marche toutes les statues de l’église enguirlandées et posées sur des brancards tenus par quatre jeunes gens en habit d’enfants de choeur accompagnés de jeunes filles vétues de blanc. La statue de St- Jean était la dernière du cortège et au retour devant l’église, les différents saints étaient posés en forme d’allée. St Jean le Baptiste passait alors devant toutes pour rentrer le premier dans l’église. Avant la Révolution, c’étaient les reliques des saints, notamment Saint Clair, possédées par la paroisse qui partaient en procession. Toutes ont été brulées sur la place en 1793 avec les nombreux ornements, livres, missels et archives de la ville. Une rare vierge en bois a été sauvée. Elle est dans la sacristie et a son histoire que nous vous raconterons une autre fois.
La manifestation a disparu pratiquement, comme signalé plus haut, à l’arrivée du maire Jules Ferrier qui a aussi interdit les autres processions existant à l’époque.
Il ne faut pas oublier que la journée du 24 juin se terminait par l’allumage des grands feux de la Saint Jean, encore une cérémonie païenne reprise par le christianisme et destinée à favoriser de bonnes moissons. Pour ce qui concerne Chazelles, cette cérémonie avait lieu au Camp (vers le cimetière). C’est la zone la plus haute de Chazelles près du chateau d’eau actuel. Une petite nouvelle de Jean Chavagneux en raconte tous les détails dans Chanteperdrix