Nous avons retrouvé un article découpé et sans signature dans un journal, lui aussi sans titre, récupéré auprès d’un chazellois à l’occasion d’une permanence, le premier vendredi de chaque mois (le matin) au local de l’Association, (Avenue des Tilleuls, 1° étage).
Il nous est apparu très intéressant et documenté, relatant l’origine du nom d’un quartier de la ville créé au 20° siècle avec le développement de l’industrie du chapeau. Si, comme vous le verrez, ce nom n’a rien à voir avec la chapellerie, il rappelle par contre l’origine très ancienne de familles chazelloises mais aussi, en raison de sa situation géographique, l’impact qu’a pu avoir l’industrialisation de cette cité sur le plan urbain d’aujourd’hui. Tout ce quartier était, au 19° siècle, une zone agricole, lorsque Eugène Provot ou Jules Ferrier notamment sont venus implanter, qui leur maison de maitre, qui leurs usines dans ces terrains. Le paysage s’est progressivement transformé pour devenir le quartier des usines associé aux premières petites cités ouvrières ligériennes auxquelles le nom d’Antoine Vacher, un syndicaliste de grande humanité, est attaché (il a une rue à son nom) comme d’ailleurs celui d’un “boss” Dominique Morreton qui fit aussi construire une cité pour ses ouvriers (il a une allée à son nom). Le quartier est ainsi naturellement devenu le fief de la “culture” laïque de la cité avec son stade, ses équipes de football (l’ASC)…, s’opposant longtemps à “celle” d’émanation religieuse avec ses mêmes structures (comme La Vaillante ou VESC) mais du côté opposé de la ville, bien sûr,.! Aujourd’hui, tout cela est oublié mais il a fallu au moins deux générations de Farlots pour faire disparaitre les traces de cette lutte idéologique dont se souviennent encore les “anciens”. Bras de Fer et Jeanne d’Arc sont désormais “un” pour beaucoup d’activités en assurant ainsi du bonheur pour la population et les municipalités.
“Certains se demandent d’où peut bien venir ce nom bizarre de : « Bras d e Fer »…
Serait-ce le surnom d’un habitant de ce quartier qui aurait été d’une force extraordinaire ? Le mot est ancien. On peut lire en Nous avons retrouvé un petit article dans un vieux testament conservé aux archives du presbytère de l’an 1686 qu’un certain Jean-François Pupier cède à son fils, entre autres legs, les terres qu’il possède près de la croix du Mont, située près de de la maison de chez Bras de Fer. Voilà donc une première indication. Bras de Fer était le nom ou plutôt le surnom de quelqu’un qui habitait ce quartier.
Une autre indication plus précise se lit dans « L’histoire de Chazelles » de M. H. Bourne. Il cite la liste des imposables de Chazelles pour la perception de l’impôt de l’an 1693 et dans cette liste on lit le nom de Jean Pupier, dit « Bras de Fer » imposé pour la somme de 41 sols –monnaie de l’époque- somme déjà imposante et qui supposait une certaine fortune à ce Jean Pupier puisque beaucoup d’autres chazellois n’y sont inscrits que pour 15,19 et même 5 sols. Jean Pupier devait donc être propriétaire d’une grande partie du quartier. H. Bourne ajoute que cette famille Pupier était très ancienne à Chazelles et qu’on trouve son nom dès le XIII° siècle, c’est-à-dire depuis 700 ans, qu’elle fût importante, nombreuse ayant fourni des notaires, des avocats, des châtelains ou maires de l’époque. L’un d’eux, André Pupier, a son nom inscrit sur la grande cloche fondue en 1590. Un autre, Antoine Pupier, fit construire sur son terrain ce qu’on appela longtemps la “maison neuve”, vendue en 1829 à la ville de Chazelles pour servir de presbytère et qui , depuis 1906, est devenue la mairie de Chazelles.. Dans le cours des siècles, cette importante famille se divisa en plusieurs branches : il y eut les Pupier de Brioude, les Pupier de Montalègre, les Pupier de Cessieux, le Pupier de Saint-Georges et enfin les Pupier Bras de Fer.
L’ancien Bras de Fer n’avait pas l’importance actuelle. Des maisons ouvrières y ont été bâties en 1910, les premières de toutes à l’instigation du Cercle Catholique paroissial, en 1924, par le Toit Familial et des industriels, la ville y ayant tracé plusieurs larges avenues.
Mais comment cette famille fût-elle nommée Bras de Fer ?
On pourrait se laisser aller à toutes sortes de suppositions, sans arriver à la vérité. Le hasard d’une lecture a fait découvrir le mystère qui aurait pu supposer que la solution du problème se trouve dans une revue d’il y a 50 ans, éditée en 1898, par la Société Archéologique La Diana de Montbrison, laquelle s’applique à la recherche des vieilles choses.
Voici l’extrait en question : « On ne se doute pas que les enseignes des magasins ou hôtels d’autrefois ont laissé à des rues dans les villes, à des quartiers dans les campagnes, leur nom qui y dure encore. Ainsi à Lyon la rue de la Bombarde, la rue du Bœuf, la rue du Bat d’Argent doivent leur nom à celui des enseignes. Pendant tout le Moyen-Age, les enseignes, au lieu d’être de simples lettres comme maintenant, étaient des figures en fer forgé, fixées au-dessus de la porte principale de l’établissement à signaler.
Ainsi, à Roanne, il y avait des enseignes représentant une croix d’or, une tête d’or, une porte d’or, ailleurs un lion d’or, un chapeau rouge, un cheval blanc, une croix blanche, parfois l’effigie de la Sainte-Vierge, ou de queques saints. Un bras de fer était une enseigne fort usitée au Moyen-Age. A Chabreloche,en Auvergne, il y a un village appelé Bras de Fer parce que, autrefois, une auberge avait pour enseigne, comme à Chazelles, un bras de fer. »
A Chazelles, deux familles Pupier avaient chacune leur enseigne au fronton de leur établissement, probablement dans la Grand rue, l’une: l’effigie d’un Saint-Georges, l’autre: l’effigie d’un bras de fer. Et ce bras de fer avait la main recoubée et l’index allongé, dirigé vers la porte comme pour dire : « Ici, la maison du bon vin, de l’excellent fricot.
Cette famille, celle de Jean Pupier, avait une maison de campagne au quartier du Mont, et quand on y allait, on disait : Je vais aux Pupières, chez Bras de Fer…
…et le nom est resté au quartier.
Il est très probable que la rue du Chapeau-Blanc, à Chazelles, tire son nom de la même origine.”
Auteur inconnu,
passé dans un journal en 1948
PS. Cet article sans signature pourrait bien être écrit sous la plume de Jean Larue, célèbre historien de Chazelles.