Le 8 décembre, aujourd’hui nommé Fête des Lumières, était encore, lorsque j’étais enfant, la fête de l’Immaculée Conception, Marie, mère de Jésus pour les chrétiens. (*)
Ce jour-là était un jour particulier pour le gamin que j’étais : c’était le commencement des festivités de ce mois de décembre. Noël et le Jour de l’An seraient vite là avec l’ambiance chaleureuse des moments festifs passés en famille.
Bien sûr, on avait déjà acheté ces petites bougies à la forme particulière de tronc de cône au bord cannelé. Je les regarde aujourd’hui et elles me semblent tellement plus petites que celles de mon enfance. J’ai aussi noté qu’elles duraient moins longtemps. Les verres de différentes couleurs étaient prêts à les accueillir.
On préparait le tout avant le repas prit plus tôt que d’habitude car il fallait les allumer et les mettre en place sur les deux fenêtres donnant sur la rue avant de partir à la célébration. On allumait chaque lampion avec le briquet de mon père ou une allumette avant de les mettre dans le verre. Parfois il fallait recommencer quand l’un d’eux s’éteignait et tout ça sans (presque) se brûler les doigts.
La cérémonie à l’église terminée, tout le monde descendait, en procession, route de Saint-Galmier pour se regrouper devant la statue de Marie près de l’école libre de garçons.
Statue de la vierge route de Saint-Galmier
Tous chantaient un cantique. Je me souviens surtout de : « Chez nous soyez Reine » puis tout le monde se dispersait.
Nous remontions chez nous par la « Grand’ Rue ». Il n’existait pas de guirlandes électriques à l’époque, mais sur toutes les fenêtres on voyait briller les petits lampions dans leur verres multicolores.
Chaque vitrine était magnifiquement décorée et certaines nous retenaient plus longuement. Je me souviens particulièrement de celles des pâtissiers qui présentaient de très beaux décors en caramel ou chocolat. Celles des charcutiers montraient des saynètes parfois cocasses mettant en scène des petits cochons en saindoux dans des cadres pleins d’imagination.
Nous arrivions à la maison où les lampions brulaient toujours sur le rebord des fenêtres. J’allais me coucher. Je gardais les yeux rivés sur cette fenêtre illuminée par les tremblantes petites lumières et je finissais par m’endormir bien malgré moi.
Le matin, au réveil, mon premier regard était pour la fenêtre espérant peut-être que, par miracle, les petites flammes continuaient de briller. Mais tout était éteint, les parois des verres tachés de noir de fumée, et il n’existait plus qu’un restant de cire au fond du verre avec en son centre un petit bout de mèche calcinée.
Un jour, j’ai quitté la maison, je suis parti au collège en internat. Je n’ai plus passé de 8 décembre à Chazelles. Mes lampions se sont éteints et mon enfance avec eux…
(*) Les origines et l’évolution de cette célébration ont fait l’objet, sur notre site, d’un article de Pierre Mathieu le 8 décembre 2015 que vous pouvez relire en cliquant ICI.