Le 8 décembre est fêté depuis plusieurs siècles à Lyon et aussi depuis près de deux cents ans dans les Monts du Lyonnais en hommage à Notre Dame de Fourvière qui a eu une très grosse importance dans notre région. C’est sous sa statue qu’ont été fondés différents ordres religieux qui ont profondément marqué l’arrière-pays. Du groupe des douze séminaristes réunis en 1816 dont Jean-Claude Courveille, Jean Claude Colin et Marcellin Champagnat va naitre la Société de Marie, une famille avec quatre branches décidées à se mettre au service de l’Église :
- des Frères Maristes autour de Marcellin Champagnat natif de Marlhes qui formera des instituteurs et catéchistes pour les écoles,
- des Pères Maristes avec Jean Claude Colin, qui outre l’enseignement et les missions dans les campagnes vont partir évangéliser en Océanie.
- des Sœurs Maristes autour de Jean Claude Colin et Jeanne Marie Chavoin
- des Sœurs Missionnaires de la Société de Marie autour de la lyonnaise Françoise Perroton qui vont prendre corps dans leur travail en Océanie encore.
L’esprit mariste autour duquel se sont formées ces congrégations n’a pas échappé à de nombreux laïcs qui ont complété la famille en créant des Fraternités, équipes d’hommes et de femmes affirmant leur foi dans l’esprit mariste des pères, frères et sœurs de la Société.
Quelle famille des Monts du Lyonnais n’a pas connu autour d’elle un père, un frère ou une sœur de ces congrégations qui ont énormément recruté parmi les enfants de la région au 19° et 20° siècle. Il était fréquent dans les familles d’agriculteurs de voir le 2° ou 3° garçon ou fille prendre l’habit. C’était façon de donner un enfant à Dieu et de lui assurer son enseignement en espérant des retombées célestes positives. Le premier garçon était assuré de garder la ferme et la première fille avait quelques chances de trouver une bonne terre avec un bon mari.
Aujourd’hui les choses ont changé mais la présence mariste est toujours très forte dans la région avec de nombreuses écoles et collèges issus des établissements privés d’hier mais aujourd’hui sous contrat d’état : école Champagnat à Saint Symphorien, Raoul Follereau à Chazelles par exemple mais aussi Maison Mariste de la Neylière (où mourut Jean Claude Colin fondateur de l’ordre missionnaire et premier propriétaire des lieux) avec son superbe Musée de l’Océanie.
Ce sera un des prochains travaux de PHIAAC que de répertorier tous ces gens d’Église issus de la région : les Goutagny, Berne, Grange, Perrichon, Poncet….sont autant de noms qui cachent l’un d’eux parti souvent loin en mission. Si l’un de nos lecteurs a quelques documents à nous soumettre, nous le recevrons très volontiers.
Que le 8 décembre soit donc une fête religieuse dédiée à Marie, mère de Dieu, ne fait pas de doute, que sa célébration touche toute la région s’explique avec les remarques ci-dessus. Saint-Etienne, Montbrison mettent aussi leurs lampions aux fenêtres cette nuit de décembre. Il faut y voir le rayonnement de Notre Dame de Fourvière dans tout le diocèse de Lyon depuis que sa statue de bronze recouverte d’or payée par la population devait prendre place au sommet du vieux sanctuaire un 8 décembre 1852, fête de Notre Dame des Advents. Ce jour avait été choisi après que 8 septembre précédent primitivement fixé ait dû être reporté en raison de l’inondation de l’atelier du sculpteur par une crue de la Saône. Le 8 septembre, jour de naissance de la Vierge, avait été choisi par les échevins de Lyon dès 1643 pour honorer la mère de Jésus et lui demander de protéger la ville. Ce jour-là, c’était fête dans la ville et on illuminait les rues.
Plus tard en 1854, Pie IX transforme ce 8 décembre en fête de l’Immaculée Conception, situation d’aujourd’hui. Le Lyon populaire s’est déjà approprié cette date pour renouveler ses prières à sa protectrice. La fête deviendra celle des lampions puis celle de lumières que l’on connait maintenant.
Il reste encore dans beaucoup de maisons de la région la coutume des lampions de verre multicolore posés sur les rebords de fenêtre et dont on allume le petit pain de cire ou de paraffine le soir de ce 8 décembre.
Aujourd’hui le 8 décembre n’est pas loin de Noël, s’inclût dans la période des fêtes, suit la Saint- Nicolas, patron des commerçants, ce saint-patron de la Lorraine arrivé un 5 décembre dans cette région sur une mule. Les enfants qui avaient nourri l’animal avec de l’avoine avaient alors reçu le lendemain des friandises dont le fameux pain d’épices associé à une orange. C’est pourquoi cette date marque l’ouverture de tous les marchés traditionnels de Noël dans l’Est du pays et en Europe mais maintenant aussi à Chazelles et alentours. Qui va s’en plaindre !
Après les stands des différents commerçants ou Associations locales, le Chazellois pouvait aussi découvrir la promenade en calèche pour les grands ou celle en poneys pour les petits. Une retraite aux lampions était organisée permettant à toute la petite jeunesse de la ville de défiler autour de la place et du château.
On n’oubliera pas que cette journée du 8 décembre reste aussi une fête religieuse chère aux croyants. Autrefois ceux-ci se déplaçaient à “La Madone” sur la route de Saint Galmier au niveau de l’Ecole des Frères (maristes).
Il s’agit d’une reproduction de la Vierge de Fourvière chère au monde des “Maristes”. On remarque la position des ses bras ouverts à la population qui la prie ou l’implore. Elle a été érigée à cette place en 1909.
C’était l’occasion pour les prêtres de bénir les habitants massés autour de la statue, bouchant la circulation, certes peu importante à l’époque. Mais comme cela se passait à la nuit tombée, le dernier car Garampazzi arrivant de Saint-Etienne à ces heures là venait toujours perturber la cérémonie, scindant en deux le groupe des fidèles pour pouvoir passer.
C’était à l’issue d’un moment de recueillement l’occasion d’entonner un chant très chazellois à la gloire de la Vierge. Nous vous en proposons un extrait chanté par Alice Berne:
La Madone de Chazelles
La fin de la soirée se terminait par un tour de ville pour admirer la multitude de lampions multicolores qui éclairaient les fenêtres. Il n’était pas question à cette époque de se différencier en en oubliant une. Ils avaient été allumés avant la cérémonie avec de longues tiges faites de grandes feuilles de papier journal finement roulé.
Belle fête et belle soirée…