À l’occasion d’une réunion sur les nouveaux schémas d’intercommunalité proposés aux différents villages qui se situent dans une zone géologique quasi uniforme, celle des Monts du Lyonnais : un vieux massif montagneux reste de l’ère primaire comme le massif armoricain, Grézieu a accueilli de nombreux villageois alentours. C’est cette particularité topographique, obstacle entre la plaine de la Loire et celle du Rhône qui a fait le caractère de sa population au cours des millénaires, celui de son agriculture qui ,depuis le même temps, a dû tenir compte d’un sol de moyenne montagne fragile, peu profond et difficile à entretenir, d’une eau rare, même si très curieusement on y trouve de nombreuses et belles rivières comme la Coise ou la Brevenne pour ne citer que les deux plus importantes. C’est ce terrain qui a imposé une certaine culture comme la prairie à l’origine de la spécialité laitière de ce massif.
Cela nous a permis de redécouvrir ce bourg qui ne manque pas d’attrait, où il semble y faire bon vivre avec une vie associative exemplaire.
Situation
C’est un petit village de 780 habitants, les Grézollaires, situé entre 450 et 700 mètres d’altitude sur la côte de Duerne à 2 km de Chazelles. Comme Viricelles, Grézieu-le-Marché se trouve sur la ligne de partage des eaux avec d’un côté la Gimond qui descend sur la Coise et puis la Loire et de l’autre la Brevenne qui descend vers la Saône, le Rhône et la Méditerranée.
Il est sur le département du Rhône, dans l’Arrondissement de Villefranche-sur-Saône, le canton de Vaugneray et la Communauté de communes des Hauts du Lyonnais.
Histoire ancienne.
Grézieu a été, avec la volonté des comtes du Forez et des Archevêques de Lyon, cédé par le premier et placé sous la responsabilité des derniers en 1173 à la signature de la Permutatio.
Le village a été ensuite acquis au 14° siècle par les Mitte qui en ont fait leur résidence après le saccage d’un de leur autre château, à Chevrières, en 1465 par les « Foreziens » de Jean II, duc de Bourbon poursuivant les troupe de Sforza, un allié de Louis XI entré en guerre contre le premier. Les Mitte avaient eu le « malheur » de soutenir Louis.
La vie « trépidante » et dispendieuse des Mitte au 17° siècle les oblige à vendre les terres de Grézieu-le-Marché et celles attenantes comme Viricelles à Jean Gagnères, un lieutenant général des Armées de Louis XIV qui fait ensuite ériger sa terre en baronnie en 1650, puis en comté en 1656. Les comtes de Grézieu-Souvigny apparaissent ainsi et le village en prend le nom. Par alliances successives il deviendra avant la Révolution la propriété de la famille de Verney, une souche ligérienne. L’histoire de Grézieu-le-Marché se superpose donc beaucoup avec celle de Viricelles.
Le village.
Voici quelques photographies qui ne remplacent pas une visite de ce village très attachant comportant une très belle église qui vaut à elle seule le déplacement. Il est conseillé de se renseigner pour ses heures de visite, l’édifice étant souvent fermé pendant l’hiver. (panneau explicatif sous le porche)
L’église.
Elle dépend aujourd’hui de la paroisse Sainte Thérèse des Hauts du Lyonnais. L’église a été construite et achevée en 1886 par l’architecte Louis Sainte-Marie-Perrin, élève de Pierre Bossan, le constructeur de la Basilique de Fourvière qui lui avait d’ailleurs délégué tout pouvoir pour en terminer la réalisation. Ce bâtisseur a aussi à son actif notamment l’église de Chaponost, celle de Saint Cyr au Mont d’Or ou le grand séminaire de Sainte Foy-les Lyon. C’est aussi l’œuvre de l’abbé Séon (curé du village à cette époque, représenté sur un autel dans cette demeure divine) et de tous les paroissiens de l’époque.
D’un style romano-byzantin elle a été entièrement restaurée à la fin du siècle dernier en 1998/99. Elle comporte une grande nef reposant sur 12 colonnes avec deux basses nefs latérales, le tout éclairé par 16 vitraux réalisés par Lucien Bégule de Lyon. Ils sont représentatifs de Saintes et Saints. Le choeur comprend un ensemble des vitraux représentant la Crucifixion.
Le bâtiment est construit principalement en granit rouge notamment de Pomeys et en pierres de lave de Volvic. Le clocher loge un carillon de 8 cloches. Le porche d’entrée comporte un portail en chêne de facture locale. Il est délimité par deux colonnes et surmonté par une peinture on l’on voit le Bon Pasteur entouré de douze brebis représentant les douze apôtres. La scène comporte une phrase en latin : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ».
Les fonts baptismaux, comme d’autres éléments tels le bénitier ou des tables de communion proviennent de l’ancienne église et remontent pour partie au 17° siècle.
Il faut en effet savoir que la nouvelle église a été construite alors que l’ancienne déjà dédiée à Saint Barthelemy et construite au début du 19° siècle pour remplacer la chapelle du château coexistait : on a eu ainsi pendant tout un temps deux clochers et presque deux églises à Grézieu. Des photographies les montrent.
Le lavoir.
Il fait partie de la longue histoire de l’eau à Chazelles. En 1883, une colonne d’eau captant celles de la rivière Gimond est construite pour alimenter les usines de Chazelles qui en consomment énormément avec leurs machines à vapeur. Mais parallèlement l’eau manque à Grézieu traversé par la conduite. En 1904 le principe d’un lavoir-abreuvoir sur la commune est défini puis accepté en 1907 et construit en 1909. Il est alimenté par la colonne à niveau constant avec un débit minimum de 10 m3/jour. Ce sera la source principale d’eau de Grézieu jusqu’à la construction du barrage en 1925.
Le château.
Il a été en partie démoli au cours du 19° siècle. Il n’en reste que quelques vestiges. Il était attenant à la première église construite en 1825. Les maisons qui entourent aujourd’hui ce bâtiment sont les restes du château féodal connu depuis le 11° siècle.
Parcours pédestre.
Il existe de nombreux chemins pédestres fléchés qui vous permettent de découvrir le bassin de la Coise ou celui de la Brevenne, de visiter le barrage de la Gimond, de se promener du coté de Pomeys, ses bois et son château de Saconay datant du 14° siècle. Saint Symphorien et son abbatiale, Chazelles et son Atelier-Musée du chapeau ne sont, bien sûr, pas loin et constituent un excellent complément de découverte au cours d’une journée.
Les salaisons de Grézieu-le-Marché.
On peut rappeler que la commune possède deux entreprises de salaison, anciennes et réputées à développement international, qui font honneur aux Monts du Lyonnais. La maison Montserret existe depuis bientôt 80 ans et produit une charcuterie réputée faite de jambons, saucisses et saucissons secs. La maison Targe fabrique, elle aussi, des jambons mais aussi des saucissons depuis plus de 4 générations et a développé une ligne étonnante aux arômes, aux fruits ou aux fromages variés. Cette évocation n’a aucun caractère publicitaire et ne veut qu’évoquer en toute neutralité cette production caractéristique des Monts du Lyonnais. N’oublions pas les saucissons fermiers que l’on peut trouver au “Panier Grésollais” dans le bourg .
Pour compléter l’évocation de ce petit village des Monts du Lyonnais voici une série non exhaustive de vieilles cartes postales dont la reproduction nous a été permise grâce à la collection personnelle de Serge Berger, membre fondateur et actif de PHIAAC. Cliquez sur le lien ci-dessous:
Images amicales de Grézieu-le Marché.
Nous ne terminerons pas ce petit tour sans un clin d’oeil à “Marguerite” Crozier qui pait tranquilement à l’ombre du clocher. L’Aubrac n’est pas si loin quand on regarde au sud de l’enclos: il y voit déjà les montagnes du Velay et du Vivarais et ici pas besoin de cloche au cou, elles sont dans le clocher!
Patrimoine exceptionnel de Grezieu le Marché
Nous avons reçu la photographie d’un tableau réalisé par Jean-Marie Juillet. Il s’agit du fondateur de l’Harmonie des Enfants de Chazelles arrière grand-père d’Adré Juillet qui nous a transmis ce cliché. Nous en reparlerons bientôt dans un prochain article.