Les chazellois soucieux de la conservation de leur patrimoine nous apportent régulièrement des documents à consulter. Nous ne les gardons pas, ils nous les proposent en consultation et pour les reproduire aux fins de conservation mais aussi de diffusion. Nous avons ainsi trouvé dernièrement dans une chemise contenant notamment de nombreuses chansons, un poème qui relate un épisode de sécheresse du barrage de la Gimond. C’est le patois qui est employé.

On peut à cette occasion cadrer l’évènement dans le temps. On est dans l’été 1933 et la France, comme d’ailleurs l’ensemble de la planète bleue, souffre d’une chaleur très élevée associée à une importante diminution des précipitations. C’est le cas notamment des Iles Britanniques qui constatent un déficit en eau de 50% dans certaines régions coïncidant avec un ensoleillement supérieur de 25%. Le fleuve Nil est à son niveau historique le plus bas et 15 millions de têtes de bétail disparaissent en Afrique du Sud. La sécheresse affecte aussi les Etats-Unis et la situation mondiale n’est pas brillante car on n’est pas encore sorti de l’effondrement économique provoqué par la grande crise monétaire de 1929.

Cette situation va d’ailleurs se reproduire en 1934 et s’associer alors sur le plan météorologique à de violents orages et alors d’importantes chutes d’eau. C’est le cas en juillet 1934 avec des inondations effroyables en Pologne, par exemple.

En France, juillet 1933 est un mois de canicule . On note 40°C à Poitiers et Paris passe ce mois sous 36°. Si sur la région lyonnaise la température est moins élevée, il ne pleut pratiquement pas depuis le mois de mai avec un déficit en eau de plus de 50% par rapport à la moyenne annuelle.

Chazelles a toujours eu des problèmes d’approvisionnement en eau pour son industrie chapelière. Il y a déjà eu des disettes:  celle de 1906 est iconographiée. Ce sont ces situations de pénurie qui ont amené les différentes municipalités à se battre pour établir une réserve indispensable à la bonne marche des usines.

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Le barrage de la Gimond en 1925

C’est ainsi qu’en 1925 la retenue d’eau construite sur la rivière Gimond au niveau de la commune de Pomeys dans le Rhône, est inaugurée en grande pompe avec notamment la présence d’Antoine Durafour, stéphanois, député de la Loire, alors ministre du Travail sous le gouvernement d’Aristide Briand. Ce sera l’occasion d’une grande fête locale. On retrouve dans les archives des photos de l’époque et par exemple ce camion-publicité d’une célèbre usine de moteurs thermiques installée à Chazelles à cette époque: Lacroix et Prat. Nous vous en reparlerons plus tard.

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Photo d’époque. Archives PHIAAC.

Il faut croire que très vite le barrage s’avère insuffisant puisque 8 ans plus tard, il se retrouve à sec comme le poème le raconte. Il faudra attendre 1952 pour que l’on augmente le volume de réserve en eau par élévation de la digue au niveau où elle se trouve aujourd’hui. Cela n’a pas empêché de voir, cet été 2015,  le niveau de l’eau descendre jusqu’aux anciennes structures en béton qui entouraient autrefois le petit lac artificiel et restreindre la durée de vie de magnifiques poissons qui y ont élu domicile, tels des beaux brochets que l’on a pu voir la face ventrale en l’air. 

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Le barrage en juillet 2015

L’eau est un bien précieux, économisons-là. Malgré une augmentation significative des réserves du barrage, un apport complémentaire en eau du Rhône, , nous arrivons à consommer autant d’eau que lorsque toutes les machines à vapeur des dizaines d’usines qui permettaient la fabrication du chapeau chauffaient à plein régime pour alimenter les différents postes de travail. Esperons que la sagesse nous évitera de revoir un de ces étés d’autrefois bien décrit par le poète anonyme d’autant que le changement climatique est à l’ordre du jour.

Vous pourrez lire ce poème grâce au PDF accessible par le lien sur lequel il faut cliquer ci-dessous:

La sécheresse au barrage