René Larue nous propose un autre texte écrit par son père, Jean Larue. C’est encore une page de l’histoire de Chazelles que l’on ne reverra plus.

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QUAND PASSAIT LA CLOCHETTE…

Le cinéma, la télévision, les dessinateurs humoristiques nous présentent généralement les annonceurs publics fortement typés : un petit village, le garde champêtre remplissant parfois la fonction, un aspect folklorique outrancier et l’instrument de travail : un tambour.

Ces scènes sont un peu péjoratives, car l’emploi de « tambour de ville » a existé autrefois dans toutes les agglomérations et faisait partie intégrante des services communaux.

cloch2Chazelles également a eu ses annonceurs publics, mais dotés pour ceux qu’on a connu, d’uns clochette à la place du tambour. Pour remplir ces conditions, on exigeait une très forte voix, teintée si possible d’infexions théâtrales, ce qui ajoutait un plus.

Notre commune avait trouvé, dans la première moitié du siècle, le personnage idéal : Monsieur Marius GORD, dont le surnom (la majorité des familles en avait un !) : TRENTE, suivait automatiquement le patronyme : GORD-TRENTE.

Donc notre ami GORD (TRENTE), personne sympathique et joviale, jouait dans les pièces des concerts de l’époque et avait même, parait-il, tenu des rôles dans les théâtres ambulants qui « passaient » à Chazelles ; ce qui peut-être, au milieu de travaux communaux l’avait propulsé »annonceur municipal » ; de plus, il avait les normes d’intensité vocale.

L’emploi n’était pas de tout repos et demandait une disponibilité permanente.

La population n’ayant pratiquement aucun moyen de communication et d’information, toutes les annonces communales étaient dispensées oralement (on se rend compte du nombre et de la diversité en consultant les journaux locaux) ; s’ajoutaient les réunions d’associations, certaines « promotions » de commerçants ou forains, les travaux de voirie, les coupures d’eau et de gaz, etc… la liste esy très loin d’être exhaustive.

Les tournées avaient lieu pendant les repas pour toucher un large public ou dans la journée en cas d’urgence. Les emplacements de criée étaient immuables : carrefours, places et proximité d’immeubles fortement peuplés ; une exception avait lieu parfois en soirée des « petits jours » où l’annonceur devait se placer sous le bec de gaz lz plus proche pour pouvoir lire son papier.

En ce temps, l’espace habité de Chazelles était plus petit, d’autre part une circulation peu intense permettait de se placer au milieu des rues et croisements et de ne pas être troublé par le bruit des moteurs.

Et puis : LA CLOCHETTE ! –  A tel point qu’il était normal de dire : « Il faudra « faire passer » la clochette » ou bien : « Attention « savoir » ce que la clochette va annoncer ? ». L’engin devenait personnage !

L’annonce elle-même commençait par une longue agitation de la clochette, le temps d’être attentif et que le fracas des nombreuses fenêtres ouvertes brutalement s’apaise.

Les différentes petites annonces étient ponctuées d’un tintement clair et sec, de m^me que la fin de la prestation.

Et le tarif pour les particuliers ? Nous l’avaons retrouvé, concernant les années suivantes, Monsieur CHATELAN étant nouvel annonceur :

  • début 1945 [1], 40 francs (centimes actuels)
  • fin 1945,  50 francs
  • milieu 1946, 60 francs

(l’inflation galopait [2])

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Une mission dévolue à l’annonceur était d’apprendre à la population le résultat de l’Election Présidentielle.

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Le Vendredi matin 17 Janvier 1947, les Chazellois furent ainsi informés (pour la plupart au courant, c’était la confirmation) de l’accession de Monsieur Vincent AURIOL (photo ci-contre) , élu le 16 Janvier 1° président de la IV° République [3] .

C’est semble-t-il la dernière fois où la tradition s’appliqua. La fonction d’annonceur elle-même fut délaissée peu à peu et cessa.

De nos jours les avis purement locaux : manifestations diverses, urgences, se font « au coup par coup » par mégaphone et en voiture.

Presse, radio, téléphone, télé (bientôt internet) ont pénétré partout et vulgarisé la communication.

Mais en regardant le journal télévisé – ou le présentateur (trice) évolue « en direct » pensons que c’est un peu la suite modernisée, élargie et super-multipliée de son humble précurseur : l’homme au tambour…ou à la clochette !!

Jean Larue

 

Si vous avez des photographies de notre annonceur publique, merci de nous le signaler et de nous en proposer la reproduction  à   phiaac42140@gmail.com

[1] 1 franc 1945 vaut 0,10 euros soit 5 euros environ l’annonce !
[2] L’inflation est de 50% en 18 mois !
[3]Vincent Auriol, né le 27 août 1884 à Revel et mort le 1ᵉʳ janvier 1966 à Paris, est un homme d’État français, président de la IVᵉ République de 1947 à 1954