Petit historique
En 1925 Victor Berne revend l’Hôtel du Centre et achète à Mr Thiollier, marchand, un tènement d’immeuble donnant sur la cour du château et l’impasse Bonnet pour y établir un négoce de pommes de terre. Il a bien connu pendant la guerre de 1914-18 (à l’occasion d’une blessure où il a été ramené du front vers Quimper) la production des pommes de terre de Chateaulin et de la Bretagne qui fait à elle seule le tiers de la récolte nationale. Il fait venir les légumes de cette région et les revend sur Lyon, quai Saint Antoine et à Marseille où il ouvre des entrepôts. Il a besoin de personnel et embauche ses cousins Berne : Claude, Laurent et le beau-frère de ce dernier.
La crise économique de 1929 se profile et tout le monde ne peut vivre sur la petite entreprise. C’est ainsi notamment que Claude change d’orientation et se dirige vers la fabrication de matériaux de construction. Il acquiert une carrière de gore sur la commune de Pomeys puis une de pierre dans le même coin et un peu plus tard un sablière sur les bords de Loire à Rivas. Il s’est équipé d’une machine pour fabriquer des moellons ou des parpaings de mâchefer, résidu très abondant provenant des usines de chapeaux et de leurs immenses chaudières qui délivrent eau chaude et vapeur pour le feutrage. Cette machine a bras entrainée par un moteur électrique utilisant du courant triphasé en 380 volts est fabriquée à Villefranche chez un spécialiste de la confection de moellons: la maison Bouland. Elle construit aussi des broyeur-mélangeurs et autres machines destinées notamment aux maçons.
Ainsi pourvu il va rapidement pouvoir fournir les entrepreneurs locaux en moellons de mâchefer, en pierres de construction pour les soubassements. Il va ainsi participer à la construction des maisons de l’allée Dominique Morreton, très bel exemple de la vie sociale à Chazelles autrefois où le patron construisait des maisons à bas coût, accessibles pour ses ouvriers.
L’entreprise va prospérer rapidement avec le travail d’un patron infatigable.
D’autres moyens de fabrication arrivent et la «couveuse» à parpaing est revendue à un petit entrepreneur de Viricelles qui se mettra à fabriquer lui aussi des moellons de mâchefer destinés à la construction. Selon Monsieur Larue, un de ses anciens employé affecté notamment à cette machine, on pouvait réaliser chaque jour une soixantaine d’éléments.
Aujourd’hui Vibrevan’z qui a recueilli la machine offerte par son dernier propriétaire à l’association, fait revivre régulièrement l’engin qui est entrainé par un nouveau moteur électrique plus adapté aux normes de délivrance de cette énergie aujourd’hui.
L’histoire mérite d’être connue. Encore un engin d’hier dont on peut retracer l’histoire. Beaucoup de maisons de Viricelles et de l’ancien canton de Chazelles sont bâties avec les produits de celui-ci. Il tournera encore longtemps quand on voit l’enthousiasme et le soin avec lequel il est pris en charge.
Pour voir cette machine fonctionner, il est nécessaire de se renseigner auprès de l’association Vibrevan’z (coordonnées sur son site internet)
La fabrication d’un parpaing de terre à pisé et de chaux.
Elle commence par le nettoyage de la machine : paroi du moule et du plateau. Puis on installe la courroie de transmission entre le volant de la machine et l’axe de force du moteur électrique.
On monte le plateau inférieur au niveau du haut de la cage à mouler au moyen d’un levier. On installe sur le plateau une planche épaisse de bois calibrée qui permet de déterminer la hauteur finale du moellon à la fin de la période de compression, d’imbrication et de tassement des éléments du mélange, puis un plateau qui permettra de sortir le moellon.
On redescend le tout dans la cage à mouler au moyen du levier. On remplit alors jusqu’au bord la cavité ainsi formée avec un mélange judicieux de terre à pisé, de chaux et d’eau préalablement préparé. On referme la cage avec un énorme couvercle très lourd.
On met en route la machine qui va entrainer régulièrement vers le couvercle supérieur le plateau inférieur qui soutient le moellon. Celui-ci vient au contact du couvercle qui résiste au soulèvement puis se détend en même temps que le plateau inférieur redescend, le tout selon un cycle régulier entrainé par des excentriques sur axes mus par chaines depuis la courroie qui entraine un gros volant apportant son énergie cinétique pour obtenir un mouvement régulier.
On retrouve toutes ces phases de la fabrication d’un moellon dans la vidéo ci jointe.
Merci à tous nos amis de Vibrevan’zde nous avoir permis de faire cette petite vidéo.