L’union fait la force: voici un exemple de ce que peut apporter un travail d’équipe associé à une synergie de compétences, de bonnes volontés et de générosité avec des dons financiers d’origine publique mais aussi privée et parfaitement utilisés pour le bien-vivre de la population. Cette règle de réussite est ancienne mais souvent oubliée.
Ainsi l’Hôtel-Dieu de St-Symphorien-sur-Coise n’aurait pu vivre et continuer son œuvre de charité au cours des siècles sans les nombreux dons apportés par les bienfaiteurs dont la plupart des noms figurent sur les plaques de marbre situées sur la façade de l’établissement mais aussi sans le travail le plus souvent bénévole de religieuses attachées à l’établissement, comme c’était la règle autrefois.
L’histoire de la chapelle et de l’hôpital de Saint Symphorien sur Coise (autrefois Saint Symphorien le Chatel ou le Château) est surement très ancienne. La ville possédait déjà au 13° siècle un hôpital. Pierre Alaveysin lui fait un leg en 1323 « Item hospitali Sancti Symphoriani Castri…duos solidos semel do, lego. » suivi d’un autre par Pierre de Faye en 1332. Cet établissement est alors sous le vocable de Marie : « Item hospitali beate Marie Sancti Symphoriani Castri… ».
Il est retrouvé comme hôpital royal, donc civil, en 1662 après un édit du roi ordonnant la généralisation des hôpitaux à toutes les grandes villes de France. Il a pris le nom d’Hôtel-Dieu et est tenu par des religieuses à partir de 1721: ce sont des gardes malades qui se dévouent sous le nom de Servantes des Pauvres officialisées comme Filles de la Maison par lettres patentes du roi Louis XV en 1729.
La même remarque pour l’hôpital peut s’appliquer à sa chapelle. Elle a souvent bénéficié de dons et de bienfaiteurs. C’est le cas d’Etienne Blanchon, un excellent trait d’union entre deux villes voisines Saint Symphorien et Chazelles souvent mises en opposition mais profondément proches par leur histoire, leurs us et coutumes et même si depuis plus d’un millénaire on a voulu les séparer, on le verra plus loin. Une plaque dans le bâtiment rappelle ce leg.
La chapelle attenante à l’Hôtel-Dieu est reconstruite en 1707. Elle a surement existé depuis très longtemps et de toute façon avant 1414 où elle est signalée. Il faut savoir qu’elle est toute proche du Clos Saint-Jean, la propriété de repos des Chanoines de l’Archevéché de Lyon depuis 1193 après la mise en place du Permutatio de 1173 signé avec le comte du Forez. Elle est donc probablement concomitante de ces hommes de clergé sans certitude historique.
Elle bénéficie à nouveau d’un rafraichissement en 1886 après le leg fabuleux de 350.000 francs-or, sans compter les terres et bâtiments, par Etienne Blanchon, plus haut cité : un descendant des Blanchon, fermiers de la Commanderie des Chevaliers à Chazelles, mais pelaud par sa mère. Son frère Jean-Marie fit de son côté un leg moins important : 100.000 francs, mais conséquent à l’hôpital de Chazelles.
Elle subit encore quelques réparations dans les années 1930, contemporaines de l’ouverture de la maternité de l’Hotel-Dieu vers 1932.
Depuis cette époque elle n’est plus entretenue et laissée progressivement à la dégradation du temps, l’hôpital ne voulant plus prendre en charge les frais d’entretien. On en arrive très vite à une situation catastrophique. La chapelle est bientôt interdite au public avec un toit transformé en passoire et un sol devenu baignoire par temps de pluie.
L’effort conjugué de la municipalité de Saint Symphorien sur Coise, de bénévoles et de passionnés du patrimoine va pourtant assurer la sauvegarde de la chapelle. Elle est rachetée en 2010 à l’Etat pour 1 euro symbolique. La ville entreprend la réfection du toit et une association de sauvegarde se crée en 2012. Cette dernière va s’appuyer sur la Fondation du Patrimoine pour lancer une souscription afin de récolter des fonds pour réparer l’intérieur de l’édifice et lui redonner sa fonction cultuelle. Une convention avec la Mairie permet aussi d’y envisager des réunions culturelles. Les dons privés et ceux d’entreprises vont dépasser les espérances permettant de recueillir plus de 110.000 euros. Les différentes interventions financières des élus, de la Fondation du Patrimoine, de l’association de sauvegarde et l’abandon d’honoraires des architectes associés au travail manuel des bénévoles va permettre de redonner à la chapelle sa situation d’antan. Elle peut à nouveau ouvrir ses portes fin 2015 et l’inauguration majestueuse a eu lieu le 5 mars 2016 en présence de très nombreuses personnalités politiques responsables de la région et de haut-fonctionnaires d’Etat.
Voici quelques images de l’extérieur de la chapelle:
Nous vous proposons ci-dessous quelques images de cette renaissance à l’intérieur de la chapelle.
La fresque découverte par les restaurateurs se trouve sur un plafond qui était entièrement décoré mais profondément détérioré par les gouttières. Seule cette partie centrale a pu être récupérée et confirme que la chapelle était placée sous le vocable de la Vierge Marie: Le “Salve Régina” y est décliné.
La tribune a été reconstituée en raison de son mauvais état. Une “piéta” en bois sculpté, placée sous l’angle droit de celle-ci, a été déplacée car elle ne tenait plus en hauteur
Derrière l’autel moderne qui fait front au public, on en trouve un autre, ancien, incluant le tabernacle et surmonté par une niche qui contenait une statue de la Vierge aujourd’hui disparue.
Les différents vitraux de l’église ont éte réparés. Ils sont au nombre de 4 dont 2 identiques.
La statue actuelle de la Vierge, qui est dans la niche, n’est pas celle qui s’y trouvait autrefois. L’originale était probablement plus massive et plus grande, occupant tout l’espace. Elle était surmontée d’une couronne dont on trouve la photographie ci-dessous. Cette vierge faisait l’objet d’une vénération particulière. Elle servait à toutes les processions et était habillée de vêtements de couleur variable en fonction des temps liturgiques.
Il s’agit de la couronne de la Vierge qui occupait la niche au dessus de l’autel. Elle est aujourd’hui conservée dans la sacristie.
Il s’agit de “La Piéta” en bois sculpté qui se trouvait sous la galerie. Elle a été restaurée.
Il s’agit d’une plaque de remerciement destinée à Jean Bénéon dont on trouve un petit résumé de sa vie écrit par Louis Véricel.
Il s’agit d’une plaque de marbre que l’on trouve à l’entrée de la chapelle dans un petit atrium. Il y est fait mention de membres de la famille Néel de Saint-Symphorien. Une fille, Louise, se mariera avec Claude Guillet, grand-père de Jean Guillet, futur seigneur de Châtelus.
C’est par cet escalier que l’on monte à la tribune ou que l’on se dirige vers l’ancien bâtiment de l’Hôtel-Dieu. L’hôpital est aujourd’hui déplacé de quelques dizaines de mètres plus haut
Il s’agit de la plaque de remerciement de tous ceux qui ont travaillé bénévolement ou fait des dons pour permettre cette belle rénovation.
Tels sont les mots de Louis Vericel, ancien maire et conseiller général pour la commune de Saint Symphorien-sur-Coise, une des chevilles ouvrières de cette restauration.
Bravo à tous et que cela serve d’exemple. Il y a tant à sauvegarder.
La visite de la chapelle se fait notamment dans le cadre du Circuit du Patrimoine de Saint-Symphorien-sur-Coise dont vous trouverez les informations par ce lien.