Une église Saint-Pierre paraît mentionnée vers l’an 1000 dans une charte du Cartulaire de Savigny. On la retrouve citée dans plusieurs testaments du XIVe siècle.
L’actuelle chapelle de la Purification, à droite de la nef, daterait du XV è siècle; appelée “corvis” (chœur vieux), elle était le chœur d’une ancienne église.
C’est sans doute cette église qui est décrite dans la visite pastorale du 15 mars 1658: “l’esglise de la parroisse de Meys est desdiée soubz le vocable de St Pierre et de Nostre Dame…le chœur de ladite esglise vouté et la nef lambrissée…leur pans deschiré en plusieurs endroits…” (1). Elle était orientée “normalement”, le chœur à l’est.
Messire André Marie Matagrin, nommé curé de Meys le 10 novembre 1768, projette rapidement la reconstruction de l’église de sa nouvelle paroisse. Mais en mars 1772, la Comtesse de Souvigny [Grézieu le Marché] fit, une contre-proposition s’élevant à 2400 livres, au lieu de 9850, tout en agrandissant l’église de douze pieds. De plus, “M. Le Marquis de Pons, Seigneur dudit lieu, observa que cette église n’avoit besoin que de quelques réparations qu’il détailla et s’opposa formellement à ce qu’elle fut démolie et reconstruite”.
Après beaucoup de désaccords successifs, un compromis est enfin trouvé en août 1775, pour un devis de 3500 livres: “l’église aura 40 pieds de long sur 30 de large, un seul vaisseau”… [voûte]
L’adjudication aura lieu le 10 décembre en faveur des frères Pupier, de Chazelles.
Mais, en juillet 1777, le curé Matagrin et quelques paroissiens, parviennent, à signer une transaction avec les maçons: pour 600 livres de plus, “l’église aura 40 pieds de large, 3 nefs et six piliers…”; le curé donnera 297 livres, le reste sera payé par des paroissiens qui doivent de l’argent à l’église.
Enfin, après beaucoup d’imprévus, le jour de la vérification des travaux arrive, le 9 septembre 1779: la majeure partie est conforme, mais “la voute de l’église est fendue et a été bâtie avec du mauvais mortier, la charpente est mal fixée…” Il faut à nouveau pousser les maçons à réparer.
Une seconde visite a lieu le 11 novembre 1781: “les réparations, pour remplir les conditions du devis, ont été faites”.
L’église avait déjà été bénie le 11 février 1779, et le curé Matagrin avait noté: “Mes successeurs trouveront peut-être cette église peu solide; mais avant de me blâmer, je les prie de se souvenir que tous mes paroissiens, et tous les possédant fonds, et surtout M. de Souvigny, se sont constamment opposés, pendant dix ans, à toutes mes démarches”.
Il avait vu juste, car dès 1804, il répondait dans une enquête: “notre église menace ruine, j’en avertis souvent en public mes paroissiens…”
En 1809, une pétition des habitants “demande l’autorisation de faire des journées à bras pour réparer l’église”.
En avril 1810, le Conseil municipal décide un emprunt pour réparer l’église, le devis des travaux se montant à 3551f.
Pendant l’été, Pérenciol architecte à Lyon, visite l’église et pense “qu’il faut démolir les voutes, les reconstruire en plein cintre…”
En Juin 1816, on apprend que “l’on a été obligé de démolir des voûtes prêtes à s’écrouler”. Pérenciol écrit: “on ne peut rétablir l’église sans démolir tous les murs; le clocher seul peut être conservé”. En attendant, des travaux de consolidation sont effectués.
En 1819, le préfet approuve un devis de 14840f. L’adjudication a lieu le 26 juin 1820, au profit de Antoine Chaize de Bessenay. C’est alors qu’un compromis intervient entre Chaize et le Conseil municipal: “l’église sera au contraire placée de midy au nord” et elle sera plus grande, pour 3 000 f de plus.
Mais Chaize tarde à être payé, et la commune n’a pas le financement des 3000 f, le compromis n’ayant pas été soumis au préfet. L’affaire finira par un procès et en juin 1826, la commune sera condamnée à payer 19 690 frs. aux Chaize. Ce n’est qu’en février 1829 que Chaize sera complètement réglé, grâce aux impôts et à un secours de 1100 f.
Les paroissiens peuvent enfin profiter, l’esprit serein, de leur nouvelle église; mais ils devront continuer à mettre la main au porte-monnaie pour l’orner, l’embellir et la réparer.
En 1822, on installe un maître-autel. En 1825, une horloge est achetée à Montbrison. En 1830, on construit un petit perron, complété par une balustrade en 1851. En 1862, Mauvernay, célèbre verrier de St-Galmier, fournit des vitraux…
Mais c’est l’Abbé Goutard qui fera la plus grande restauration de 1887 à 1899, grâce à la générosité de ses paroissiens et, dit-on, de Lucien Mangini: en 1887, boiseries du chœur venant de Chasselay, deux cloches en 1888, construction d’une sacristie et d’un perron en 1893
Autels de St Pierre et de Notre-Dame
Les anciens Meysards se souviennent encore des statues qui ornaient l’église, de la chaire, du chemin de croix… L’inventaire, qui suivit la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat en 1905, nous rappelle tous ces ornements:
Derrière le maître-autel un grand tableau représentant l’Ascension; au-dessus de la porte principale, un autre représentant St-Louis; onze statues terre cuite ou carton pierre; un chemin de croix de 14 tableaux terre cuite offert par les Dlles Protière, un reliquaire pour le bois de la vraie croix…
Une table de communion en pierre blanche sculptée, donnée par P. Protière en 1899, une chaire avec abat-voix en bois dur, deux bénitiers scellés dans les deux premiers piliers
Les vitraux:
Au chœur, les 4 évangélistes
Dans la chapelle, baptême du Christ et la Vierge.
Dans les nefs latérales, divers saints et saintes, avec les noms des donateurs.
Les cloches:
La visite de 1658 précisait: “le clocher est garny de quatre cloches”. En 1804, André Matagrin mentionnait: “il y a trois cloches: deux grandes et une très petite”.
En 1966, le curé Falzone écrivait: “la 1ère, porte la date de 1622, avec le monogramme du Christ; la 2è, est de 1847; la 3è date de 1888 et pèse 1000 kg; la 4è date aussi de 1888 et pèse 1050 kg”.
Toutes ces cloches usèrent beaucoup de sonneurs, qui usèrent beaucoup de cordes…Le dernier, Tonin Blanchon, aidé par Alfred Venet, prit sa retraite en 1967 après 42 ans de service. En avril, une nouvelle cloche fut fondue par la maison Paccard, réunissant celle de 1622 “fêlée” et une autre donnée par M. Larivière en 1951. Puis, en accord avec le maire, elles furent électrifiées.
Déjà, le chauffage à air pulsé fonctionnait en décembre 1956. En 1958, les vieux bancs et les chaises étaient remplacés par les bancs modernes actuels. L’église était sonorisée en 1959;
A la suite du renouveau encouragé par le Concile Vatican II, qui prônait l’usage du français à la messe, la participation des fidèles et une certaine simplicité, le curé Falzone procéda à une seconde restauration.
Le curé fit appel à un architecte lyonnais, Michel Saint-Paul; souhaitant revenir ” à la simplicité évangélique”, ils effectuèrent, de 1963 à 1965, une restauration si radicale, que toute l’ornementation intérieure disparut. Le curé s’expliqua à plusieurs reprises dans son Bulletin, répondant à des “critiques plus ou moins malveillantes”. “Nous n’avons pas voulu démolir pour le plaisir de démolir. Nous avons voulu à la fois répondre aux exigences de la liturgie actuelle et remettre en valeur ce qui avait de la valeur, les boiseries du chœur, par exemple”…
Récemment, en 1991, la toiture de l’église et celle du clocher furent refaites. Une horloge électrique remplaça l’antique horloge à poids du sieur Jeanpierre, horloger à Virigneux.
Texte fourni par le groupe Histoire de Meys
[1]. N.B. l’orthographe des citations a été respectée.