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C’est une ancienne tradition que nous vous rapportons. Elle a intéressé surtout le monde agricole jusqu’au 20° siècle et avait une grande importance car elle était en rapport avec les calamités météoroliques, les maladies végétales comme la rouille. On y priait Dieu pour éloigner les catastrophes. Elle est en rapport avec les fameux Saints de Glace. Dans nos régions, on respecte encore ces vieilles traditions qui consistent à ne mettre en terre la tomate qu’après la mi-mai,  correspondant donc à leurs fêtes passées. Si Mamert est bien responsable de cette tradition, Pancrace et Servais en sont les victimes en le suivant dans le calendrier.

Toujours appelés communément chez nous «les Saints de Glace», on parle aussi des «Saints Grêleurs» ou des « Cavaliers du froid ». Ils se nomment donc Mamert, Pancrace et Servais et sont fêtés les 11,12 et 13 mai.

Les agriculteurs les craignent beaucoup car ils viennent souvent accompagnés de très mauvais temps avec un vent froid, du grésil voire de la neige, et  des gelées nocturnes.

La situation se complique encore un peu si l’on tient compte, également, de la lune rousse printanière qui suit immédiatement Pâques et qui brûle les bourgeons naissants ainsi que les jeunes plantes au premier stade de leur développement par nuit claire. Plus Pâques est tôt, plus la lune rousse a des chances d’être fidèle à sa mauvaise réputation. Si elle tombe en pleine période de saints de glace, les risques de gelées sont multipliés par deux. Ce fut le cas en 2015.

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Cet ensemble d’évènements se situant après Pâques a toujours été craint par les agriculteurs. L’Eglise s’est emparé de cette période pour en faire des jours de pénitence et de prières dès le 5° siècle : ce sont les Rogations appelées « revéson » en patois. Elles ont été mises en place par Saint Mamert, alors évêque de Vienne, après qu’une série de catastrophes naturelles ait détruit toutes les récoltes dans le diocèse. Mais il semble que Mamert n’ait fait que remettre en place une vieille tradition romaine qui était destinée à demander à leurs dieux la protection des récoltes. C’est bien lui qui a, par contre, fait le choix de ces trois journées précédent l’Ascension. Ces journées étaient consacrés au recueillement et à des processions chantées.  C’étaient aussi trois jours de jeûne et de pénitence avant la Pentecôte toute proche. Depuis 1969 et la réforme liturgique, les Rogations ne sont plus liées à l’Ascension et peuvent être fixées par la conférence épiscopale à une autre période de l’année. De la même manière, les saints de glace semblent avoir été oubliés et sont aujourd’hui remplacés par Sainte Estelle, Saint Achille et Sainte Rolande. Cela n’a pas changé les habitudes du jardinier et nous gardons toujours en mémoire les dictons populaires : 

  • Le 11 mai,Saint Mamert « Attention, le premier saint de glace, souvent tu en gardes la trace ».

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  • Le 12 mai,Saint Pancrace « Saint Pancrace souvent apporte la glace »,

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Le 13 mai, Saint Servais « Avant Saint Servais point d’été, après Saint- Servais plus de gelée ».

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Le 25 mai, Saint Urbain intervient à nouveau avec une période de risques « S’il pleut à la Saint-Urbain, C’est quarante jours de pluie en chemin ». Saint Urbain n’est pas un saint de glace mais y est rattaché, indique : « Mamert, Pancrace et Servais sont des saints de glace, mais saint Urbain les tient tous les trois dans sa main. »

Ces rogations ont été suivies par les agriculteurs pendant très longtemps et étaient encore célébrées au début du 20° siècle. Le prêtre, accompagné généralement d’agriculteurs  qui formaient une procession, allait de croix en croix dans la campagne pour des prières devant chacune d’elles, bénissant au passage les champs. Devant chaque croix, on avait posé un bouquet de fleurs ou de feuillage ainsi que des dons, généralement en nature, destinés au prêtre. Certaines croix de campagne sont d’ailleurs des croix dite de Rogation, toujours très modestes, que l’on trouve au bord d’un champ, sans signification autre que liturgique à la différence d’autres croix placées notamment au croisement de routes et qui avaient alors aussi une fonction d’orientation, celles de Mission, voire évènementielles notamment.