troccon

Image de Jules Troccon empruntée à Forez-Info

Tout le monde connait désormais Jules Troccon dont la tombe a été miraculesement sauvée et puis restaurée par la volonté de la Mairie de Chazelles que nous remercions. C’est un délicieux poète forézien, fondateur du Caveau Stéphanois, figure du Forez, né à Chazelles et dont nous vous avons fait la biographie que vous pouvez trouver sur le site à Jules Troccon

Voici trois jolis poèmes de cet auteur-compositeur, chansonnier dont nous vous donnerons régulièrement des extraits de ses oeuvres.

CE QUI RESTE

Ta beauté que le monde admire,

Ta grâce noble et sans apprêts,

La jeunesse de ton sourire,

Tes yeux beaux comme deux bluets;

Ce que plus d’une femme envie,

La forme heureuse des contours,

Ne vaut pas qu’on le glorifie,

Et ne dure que peu de jours.

Après, viendra l’oubli des homme?,

Ces trésors à jamais perdus

Ont passé comme des fantômes,

Le monde ne s’en souvient plus.

Moi seul qui. te porte en mon être,

Toujours jeune en dépit du temps,

Je croirai t’eiibrasser peut-être,

Sur les lèvres de tes vingt ans.

JULES TROCCON.

 

TOUJOURS

Ses baisers laissent leur velours

Sur mes lèvres pâles et closes :

Je les sens là; toujours, toujours…

Je crois avoir mangé des roses.

Sa voix vibre, après les adieux

Dans l’air, partout où je respire:

Ce sont des mots mélodieux. ..

Je crois entendre un chant de lyre.

Je sens se reposer ses yeux

Dans la solitude où je reste ;

Ils sont si bleus, si bleus, si bleus !…

— Comme un coin de l’azur céleste.

Ah ! que l’avenir sombre ou beau

La garde à mon amour sublime

Ou la livre, trop tôt victime,

A l’immense paix du tombeau :

Je la porte en mon être intime !

Jules TROCCON.

 

REMORDS

Si nous nous repentions ? J’ai des remords intenses,

Et je me sens trop vil avec un coeur trop pur ;

C’est assez tenter Dieu sur l’avenir obscur ;

Epargnons-nous la honte et les regrets immenses.

Je veux poursuivre en paix mes beaux rêves d’azur,

Aimer avec la foi de mes jeunes croyances,

Mettre un passé d’oubli sur mes longues souffrances,

Et préparer en moi l’apaisement futur.

Quand l’expiation sera complète, ô femme, , ,

Lorsque, ayant plus souffert, je serai moins infâme,

Pouvant laver mon front de ce qui l’avilit,

J’oserai te revoir, et nous pourrons nous dire.

Sans trouble dans la voix, le mutuel martyre

Que nous a fait l’adieu qui brise et qui pâlit.

Jules TROCCON.