Le bois de tilleul est intimement lié au chapeau. C’est sur des formes en bois provenant de cette espèce d’arbre du genre Tilia que l’approprieur va placer la cloche de feutre obtenue après foulage pour lui faire épouser la forme qu’a donné à un bloc de bois de tilleul le formier en le sculptant avec les outils de l’ébéniste. Cette essence a des caractéristiques intéressantes de résistance à la chaleur et à l’humidité. On se sert en effet pour cela de vapeur et de chaleur.
En 1905 Jules Ferrier, patron-chapelier et maire de Chazelles, habite une maison de maitre de l’autre côté du Boulevard du Midi qui borde le clos du presbytère (l’actuelle mairie) protégé par un mur. L’école des filles vient d’être construite le long de ce boulevard. Profitant des lois de séparation de l’Église et de l’État, il prend possession du jardin de la cure pour en faire le jardin public que l’on connait aujourd’hui. Les plantations des cèdres qui existent encore aujourd’hui datent de cette époque. Un araucaria « désespoir du singe » provenant de Nouvelle Calédonie et ramené par Stéphane Berne, un chazellois père mariste missionnaire, avait été planté à cette époque au sud-est du parc, il est mort il y a quelques années. Les plantations avaient été réalisées par Mathieu Berne, horticulteur, son frère.
C’est aussi lui qui a eu en charge les plantations d’arbres cette année 1905 sur la place Poterne et le boulevard du Midi. Il avait été décidé la mise en place de tilleuls (arbre mythique pour un chapelier) de part et d’autre d’une partie de cette artère qui devient alors l’avenue des Tilleuls. Elle est bordée sur son côté est par le mur de la propriété Ferrier. 37 pièces ont été plantées en février toutes entourées de caisses en bois retenant des pailles protectrices de seigle ligaturées autour des jeunes troncs. Sur la place ce sont 9 acacias qui ont été placés sur le côté nord. Les travaux se sont étalés sur un mois entre le 13 février et 14 mars 1905.
Aujourd’hui il ne reste que 6 tilleuls plus que centenaires sur le côté est de l’avenue : ils ont plus de 110 ans. Un 7° a été replanté il y a quelques années en remplacement. Tous les autres ont disparu.
Si le bois de tilleul est lié à la fabrication du feutre, il en est de même du lapin et de son poil qui fournit la matière première. On peut ainsi voir dans un des tilleuls de l’avenue un magnifique lapin qui s’est fondu avec la masse de son vieux tronc difforme. Il regarde, goguenard, le farlot qui passe: lui ne sera jamais mis en cloche, au pire il risque d’être un jour mis en forme.
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