La région des Monts du Lyonnais, et notamment celle de Chazelles-sur-Lyon, a la particularité de se trouver près de la ligne de partage des eaux de deux grands bassins versants français continentaux, celui de la Loire et celui du Rhône qui se jettent respectivement dans l’océan Atlantique et dans la mer Méditerranée. Ces deux exutoires sont abreuvés de part et d’autre de cette ligne par les deux fleuves cités qui reçoivent les eaux des précipitations et de source provenant de chaque bassin.
La goutte d’eau qui tombe à gauche de cette photo descendra vers l’océan alors que celle qui tombe à droite ira à la mer.
Pour information.
Les eaux en France s’organisent autour de quatre grands exutoires : la mer du Nord, la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée et six bassins hydrographiques correspondant à six agences de l’eau qui mettent en œuvre les objectifs et les dispositions des schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux en favorisant une gestion équilibrée et économe de la ressource en eau et des milieux aquatiques, l’alimentation en eau potable, la régulation des crues et le développement durable des activités économiques. Ce sont les bassins ou agences :
- Rhône-Méditerranée-Corse,
- Rhin-Meuse,
- Loire-Bretagne,
- Seine-Normandie,
- Adour-Garonne,
- Artois-Picardie
qui correspondent respectivement aux cinq grands fleuves français
- Rhône,
- Rhin,
- Loire,
- Seine
- Garonne,
- auxquels s’ajoute la Somme.
Dans les Monts du Lyonnais.
Alors que la ligne de partage des eaux Atlantique/Méditerranée descend grossièrement tout droit entre la Saône puis le Rhône à l’est et la Loire à l’ouest, sa direction est brutalement modifiée au niveau des Monts du Lyonnais.
Ce massif montagneux forme un vaste V dont les deux branches partent des environs de Duerne et Yzeron pour aller, en divergeant, plonger sous la plaine du Forez. Son axe général SO/NE, impose à la ligne de partage un virage brutal vers le nord-est pour prendre en compte le bassin de la Brevenne (sa vallée crée une véritable cassure dans ce massif) drainé par le Rhône, monter à l’assaut de la ligne de crête de la chaine de Duerne (une expansion de la chaine d’Yzeron ou du Lyonnais) responsable de cette prise de forme en Z .
Elle rejoint ensuite Duerne pour prendre la ligne de crête qui mène de Yzeron au Signal de Saint André au dessous de Saint André la Côte, plus haut village des Monts du Lyonnais à 840 m avec Fontanès. Ensuite la ligne de partage se dirige au sud-ouest vers Saint Romain en Gier, Saint Christo en Jarez et Sorbiers pour reprendre une direction sud.
Elle ceinture ainsi le bassin versant de la Coise, rivière partie sous le Crêt Malherbe en drection du Rhône, changeant d’avis vers Sainte Catherine, préférant rejoindre la Loire en réalisant une grande boucle. Elle coule alors parallèlement à la Gimond dans une vallée plus basse, récupérant cet affluent sous Chazelles-sur Lyon au Moulin Brulé. Parcours très sinueux pour cette Coise pleine de secrets, bien gardés avec un beau point d’interrogation comme la figure de son trajet..! Peut-être une rivière détournée de son chemin primitif quand le vieux massif lyonnais a basculé, avec création d’une pente de l’est vers l’ouest, au moment de la formations des jeunes Alpes…
Profitons-en pour explorer les sommets de ces monts du Lyonnais, ces très vieille montagnes usées par le temps avec ses nombreux crêts et vallons nées de l’enfoncement progressif de son systême hydraulique. Ils sont généralement mal connus même s’ils ont pu un temps devenir des vedettes avec le tour de France 2014. Ils se répartissent, en trois groupes autour d’un point culminant central :
- Un groupe autour du crêt des Courtines à 933 m sur la côte de Duerne.
- Un groupe autour du Signal de Saint André à 934 m.
- Un groupe autour du Crêt Malherbe à 946 m.
Tous ces crêts peuvent être découverts au cours d’activités sportives ou de loisirs, tels que la marche ou le vélo, le long de circuits ou de sentiers balisés.
Aucun des sommets ne dépasse 1000 mètres dans ce massif. Il faut aller de l’autre coté de la Brevenne sur les monts de Tarare pour trouver un sommet à plus de 1000 mètres : le mont Boussuivre, où se trouve la tour Matagrin qui culmine à 1004 m. Il est à noter que les deux massifs montagneux de Tarare et du Lyonnais, malgré des entités géographiques distinctes et une histoire qui les sépare vraiment, sont souvent confondus, de part et d’autre de la Brevenne, et appelés localement les «Montagnes du Matin ». (le soleil se lève derrière elles).
Les bassins de la Coise et de la Brevenne recoltent globalement l’ensemble des eaux des monts du Lyonnais et groupent l’essentiel des réserves d’eau du territoire. Ces points remarquables méritaient d’être signalés.
Tout ce territoire des Monts du Lyonnais a des traits communs :
- Il est constitué de roches dures (granite, gneiss et micaschistes) disposées en rubans orientés du sud-ouest au nord-est.
- La profondeur des terres de culture est faible : de 30 cm sur les pentes à 50-60 cm sur les rares plateaux et fonds de vallées, ce qui les rend très séchantes et vite emportées par les eaux de ruisselement.
- Le climat est surtout d’influence continentale, l’altitude et l’orientation accentuant les extrêmes de température. La neige couvre le paysage durant l’hiver, les étés sont très secs avec un fort déficit hydrique, le ruissellement et l’infiltration en profondeur à travers les pentes associés à la faible réserve en eau des sols ne permettent pas de répondre aux besoins de plantes qui demandent beaucoup d’eau pour pousser. Par contre, les printemps sont généralement humides et ceci peut gêner les premiers travaux de récolte.
- Les températures sont élevées en été avec des hivers rigoureux et des printemps généralement froids. Les premières gelées arrivent souvent fin septembre en altitude limitant certaines cultures. Cet ensemble de conditions destine ainsi les Monts du Lyonnais depuis plus d’un siècle à l’activité herbagère et laitière.
Aujourd’hui cette entité géographique est encore composé de trois communautés de communes, chacune correspondant à un canton : les communautés de communes de Chamousset en Lyonnais (Saint-Laurent-de-Chamousset) et des Hauts du Lyonnais (Saint-Symphorien-sur-Coise) dans le Rhône, et celle de Forez-en-Lyonnais (ancien canton de Chazelles-sur-Lyon).
L’avenir dira si cette situation perdure avec la disparition du canton de Chazelles sur Lyon rattaché à Feurs dans la plaine. D’autres modifications administratives pourraient d’ailleurs intervenir. Mais finalement peu importe : dans cette petite région, rien n’empêchera la Coise et la Brevenne de remplir le cœur de ses habitants et de continuer à couler autour de ces belles communes accrochées à ces jolies petites montagnes, avec ces magnifiques rivières, ces paturages enchanteurs autour de ces remarquables fermes: tout ce qui a fait et fait encore ces superbes paysages que l’on ne se lasse pas de parcourir et d’admirer en toute saison.