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À l’Harmonie de Chazelles, les répétitions étaient nombreuses. Chaque semaine, les musiciens se retrouvaient généralement au deuxième étage de la Mairie dans des locaux, certes vétustes, mais très pratique car il y avait au moins de la place d’une part pour jouer et d’autre part pour garder sur place tout un jeu d’instruments de secours. Il y avait de quoi faire jouer tous les musiciens même si chacun avait par ailleurs un « outil » personnel qu’il apportait à chaque fois. Certains servaient aussi à la « Clique » lors des défilés : grosse caisse,  basses et trompettes. Il y avait  1 tambour, 3 paires de timbales et 2 cloches pour la percussion. On trouvait 1 hélicon, 6 clairons, 5 bugles petits et grands, 5 cors d’harmonie, 4 trombones à piston, 7 saxophones en qualité variée, 3 hautbois, 8 clarinettes variées et 2 flutes pour les instruments à vent. Il y avait enfin 2 contrebasses. Cela correspond tout à fait au matériel nécessaire pour le fonctionnement d’une « Harmonie ». Tous se retrouvaient pour les concerts sous le kiosque de la place Poterne jusqu’en 1968, date de sa disparition. Il y avait aussi les tournées, les sorties annuelles et le fameux repas annuel de la Sainte-Cécile dans un des nombreux restaurants de Chazelles à l’époque du plein emploi.

Nous vous présentons aujourd’hui deux photographies qui retracent ces moments de travail et de convivialité que partageaient les musiciens quand ils n’étaient pas à l’usine ou au travail.

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Dans le beau kiosque à musique qui fait écrin pour l’Harmonie en concert.

 

Sur l’une, l’Harmonie est en concert sous le kiosque de la place Poterne. C’est au cours de l’année 1960 et l’on voit avec surprise  tout à fait au fond du cliché, sous la main du chef d’orchestre, un petit bout de musicien qui joue du violon en solo, ce qui est rare dans une telle structure musicale. Cela avait d’ailleurs si bien marché que quelques autres violons étaient venus se rajouter pendant les quelques années suivantes. Il s’agit de Robert Durand qui ne voulait pas apprendre le hautbois.  On distingue au premier rang René Peysselon. Ce dernier vous dira que ce sont ensuite Henri Rageys et Henri Grangy, notamment, qui sont à ses côtés (on ne voit pas les visages).  Jean Tisseur est au saxophone. C’est François Robert, le gendre d’Alfred Chavot, (doreur sur cuir, aussi chef d’orchestre), qui tient la baguette.

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Dans les “salons privés” de l’Harmonie: avant les douze coups de minuit à la fin de 1961.

 

Sur l’autre, nous sommes l’année suivante en 1961, un 31 décembre. L’harmonie se réunit pour le réveillon dans les locaux de la Mairie qui lui sont dédiés. Une table a été dressée pour l’occasion et l’on remarque qu’elle est bien garnie avec des bouteilles encore toutes pleines qui commenceront à se vider  lorsque Mathieu Vericel, à la grosse caisse, sonnera les douze coups de minuit entre le dernier verre de la fin décembre et le premier de début janvier. On retrouve de droite à gauche jusqu’au centre : Claude Gillet, puis Robert Durand, Jean Tisseur, André Desage puis Alfred Chavot et les deux filles de Robert Tisseur. À côté d’elles et encore de droite à gauche on trouve Robert Tisseur, Claudius Croizier et Jean Durand, le père de Robert. Ensuite on distingue Roger Venet et devant lui Marius Thevenon, puis Regis Freydiere et devant lui  René Peysselon. On a enfin le plus à droite : Mathieu Vericel. Les autres musiciens assis sont : xx. Pupier, Henri Rageys, Jean Vernay et Michel Lunier.

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René Peysselon, un chapelier qui vous fait d’un “lapin”: un chapeau, d’une clarinette: une mélodie.

 

 

Quelle émotion pour certains de ces musiciens de se retrouver plus de  50 ans plus tard en commentant ces images. Beaucoup sont morts bien sûr, auxquels leurs pensées vont mais beaucoup sont encore là, frais comme des gardons, toujours aussi actifs et même s’il ne s’agit plus aujourd’hui de titiller l’anche, le biseau ou l’embouchure, ils savent encore, pour certains comme René Peysselon, faire d’un « lapin » un chapeau à la façon de Chazelles, tout aussi merveilleusement que le magicien qui extirpe un lapin de son chapeau.