Les origines de la cornemuse sont anciennes et difficiler à préciser. L’askaulos et le “tibia utricularis” en sont probablement les ancêtres gréco-romains. L’aulos primitif dont ils semblent provenir est constitué de deux tube creux dits chalumeaux (calamus=roseau en latin), l’un de mélodie et l’autre d’accompagnement, réalisés en bois de roseau, de buis, de lotus ou en os, voire en ivoire, avec au bout une embouchure dans laquelle s’insère une anche de roseau que le joueur fait vibrer avec son souffle. Des trous de jeu tout au long des chalumeaux (généralement 4 par tuyau pour les 4 doigts, le pouce servant à former une pince) permettent de modifier la hauteur du son et d’obtenir une gamme de son d’un octave. Les joueurs d’aulos avaient une technique très perfectionnée pour insuffler de manière continue l’air par une inspiration nasale ininterrompue et restitution de celui-ci dans l’instrument avec une cavité buccale faisant office de réserve d’air.
L’idée est alors venue de remplacer ce volume anatomique par une poche à air faite de peau de bête permettant d’entretenir le souffle sur des anches incluses dans des embouchures fixées à l’intérieur et raccordées à l’extérieur aux chalumeaux : ce sont les askelos. Le musicien remplit d’air la poche par un embout et par pression sur ce réservoir va entrainer continuellement et régulièrement la vibration des anches. Les deux mains sont libres pour gérer les trous des chalumeaux.
Cet instrument de musique est repris par les romains et devient le “tibia utricularis” : il comporte alors un embout pour remplir d’air la poche avec la bouche et un chalumeau mélodique. Il pourrait avoir équipé les légions romaines entrainant sa diffusion sur tous les territoires qu’elles ont occupé. Ce serait devenu la cornemuse et la musette en France, le « bag-pipe », le « piob-mor » en Ecosse, la « zampogna » en Calabre, la « gaita » en Galice. De nombreuses variantes sont en effet élaborées tant au cours des siècles que des pays et des régions.
Au Moyen-Age on ajoute au tuyau mélodique un bourdon qui donne un son grave et continu et que l’on pose sur l’épaule. Le mécanisme d’injection d’air se perfectionne et la poche peut être remplie par un soufflet que l’on actionne entre bras et paroi thoracique.
On rajoute 3 à 5 bourdons et deux tuyaux mélodiques pour Lully qui épate ainsi Louis XIV et sa cour avec sa musique.
La cornemuse disparait ensuite de presque tout le territoire français sauf de Bretagne où elle devient, avec le bignou qui est une variante, l’instrument des fêtes, noces et pardons.
On assiste aujourd’hui au regain de forme de la cornemuse avec l’engouement que provoque la musique celtique centré sur le bag-pipe à huit trous.
Il y a très peu d’information sur la cornemuse jusqu’au début du XIII° siècle, période jusqu’à laquelle les instruments de musique sont interdit dans les églises tandis que la musique est essentiellement religieuse mais les parvis des cathédrales sont pourtant, depuis un siècle déjà, envahis par les jongleurs, ménestrels et troubadours. Ainsi “l’Ars Antica” avec les chants polyphoniques, les instruments à corde et à vent rentrent dans les nefs et la cornemuse notamment est déclinée dans des sculptures comme à la cathédrale de Bourges. Les instruments envahissent vite l’espace de communication du moment représenté par les manuscrits, les miniatures, les dessins, les statues, les tapisseries, ou les peintures
La cornemuse dans notre région.
L’instrument ne possède généralement qu’un tuyau mélodique et un bourdon que l’on met sur l’épaule. Il est commun dans tout le centre de la France prenant le nom de musette ou tardivement celui de cabrette.
Sa représentation selon le catalogue de Catherine et Jean-Luc Matte n’est portant pas très fréquente dans la Loire et seulement retrouvée à La Batie d’Urfé ou à Pommiers en Forez pour la période médiévale.
Le Farlot cornemuseur.
Chazelles possède donc une des rares représentations régionale d’un musicien jouant de la cornemuse à bourdon d’épaule et remontant au XIV° siècle puisque la sculpture se situe sur une pierre servant de culot d’ogive dans la nef sud de l’église datée de cette époque.
Il s’agit d’ailleurs d’une forme de cornemuse très simple avec un tuyau mélodique tenu à deux mains par le musicien, une poche à air serrée entre l’avant-bras gauche et la poitrine, un bourdon très large à pavillon évasé posé sur l’épaule.
Ce cornemuseur ressemble énormément à celui que l’on trouve dans l’église de Oradour-sur-Glane ou celui de la catédrale de Bourges que l’on trouve avec beaucoup d’autres dans le répertoire de référence de la cornemuse en France de Catherine et Jean-Luc Matte et qui sera bientôt enrichi du musicien de Chazelles.
A bientôt pour d’autres histoires et découvertes dans l’église.