Claude (Marius) PUPIER.
Claude Marius, né le 21 mai 1898, a été mobilisé par anticipation, comme toute sa classe d’âge, entre avril et mai 1917, pour rejoindre le front dans le nord de la France. Incorporé comme soldat de 2ème classe dans le 16ème régiment d’Infanterie, il fut « tué à l’ennemi » le 29 juillet 1918, sur la commune de Grand Rozoy (*), Aisne, à l’âge de 20 ans.
Cette photo de la famille PUPIER a sans doute été réalisée en 1917 avant le départ, pour la guerre de 14/18, de Claude Marius alors âgé de 19 ans.
Sur cette photo, figurent de gauche à droite :
Debouts :
- Joannès, le fils aîné, 22 ans, décédé à 39 ans sans descendance.
- Maria, la fille aînée, 24 ans, qui épousera Jean PALLANDRE à Saint Galmier. Elle seule aura une descendance avec quatre filles.
- Claude Marius, qui sera tué au front en 1918
Assis :
- Jean, dit Joanny, le père de famille né en 1866 et décédé en 1948.
- Jeanne, la fille cadette, 15 ans, restée célibataire, décédée en 1991 à l’hôpital de Chazelles.
- Marie Philomène BONNIER, la mère de famille, née en 1870 et décédée en 1936.
La famille PUPIER a exploité pendant plusieurs générations une ferme située au lieu-dit « La Thivillière ».
Après la mort de Joannès en 1934, ses parents s’étant retirés dans une petite ferme située au bourg de Chazelles, en haut de la rue de Lyon, la ferme de la Thivillière fut louée à une famille COMBE, et notamment à Charlot COMBE. Aujourd’hui le bâtiment de ferme appartient à un arrière-petit-fils de Maria, épouse PALLANDRE, et les terrains sont loués à un agriculteur de Saint Galmier. Jeanne, la fille cadette, vivra jusqu’à son entrée à l’hôpital, dans la maison, rue de Lyon, où Marius GIRARD, auto-école, louait un atelier au fond de la cour. Pour la petite histoire, les terrains de cette petite ferme, dont un magnifique verger, ont été achetés par la Commune de Chazelles, dans les années 1970, pour y créer le quartier du Martoret qui regroupe aujourd’hui des immeubles HLM et de nombreuses villas.
Le nom de Claude PUPIER est inscrit sur cette croix érigée en 1925, au centre du hameau en mémoire des enfants de « La Thivillère » morts pour la France.
Les noms de cinq autres poilus y sont inscrits :
Marius BESSON
Pierre NOILLY
Joannès PAILLEUX
Marius PUPIER
Jacques STARON
article rédigé par Jean-Paul Blanchard
Photos collect. fam. privée Blanchard
(*) LE 16ème RI, LE 29 JUILLET 1918, AU GRAND ROZOY
Récit du Combat de GRAND ROZOY – 29 juillet 1918
Le Colonel F. JAUPART, lieutenant à l’époque, raconte le combat du 16ème RI dans la reprise du Grand Rozoy.
Situation générale
Celle-ci résultait de la grande offensive qui, menée par les Allemands au début de juillet, les avait menés du Chemin des Dames (région de Soissons, au Nord), jusqu’en bordure de l’Ourcq, au Sud. Le commandement français avait décidé de résorber cette poche, et, entamant l’offensive, avait refoulé l’adversaire vers le Nord, jusqu’en bordure du PlessierHuleu, Grand Rozoy, etc. Ce même commandement avait décidé également de poursuivre cette offensive avec des moyens accrus, et réalisant avec le plus grand secret leur mise en place, tant dans leur acheminement ou leur stationnement; pour cela, il fut utilisé au maximum tous les masques que représentaient les nombreux boqueteaux existant dans la région.
Emploi massif de l’artillerie et de l’aviation (surtout mise en action de moyens absolument nouveaux, représentés par les petits chars “Renault”). Ces chars étaient fabriqués en secret et furent acheminés sur le front, de nuit. Ils étaient constitués en unités de 5 engins, comprenant 3 chars “mitrailleuses” et 2 chars munis de canons de “37”. Comme on le verra par la suite, leur emploi se fit dans une pleine réussite.
Exécution de l’attaque de Grand Rozoy
Celle-ci fut réalisée par le 16ème R.I., qui, résidant en temps de paix à Montbrizon (Loire) faisait partie de la 25ème D.I. Composé de trois bataillons d’infanterie, il avait jusque-là combattu vaillamment dans la Somme à l’attaque de St.Quentin, à Verdun … Son recrutement se composait de beaucoup de soldats originaires du centre de la France, au moral solide. La mise en pratique de nouveaux procédés de combat, et la masse de moyens de tous ordres, mis en action, avaient en quelque sorte rendu le moral à ces combattants.
Journée du 29 juillet 1918
Venant de l’Argonne, nous étions arrivés la veille dans la région, et nous étions installés dans les bois; nous étions au courant de la présence à nos côtés d’engins blindés, eux aussi très bien dissimulés. L’attaque projetée devait être déclenchée le lendemain, au petit jour, avec la conquête, comme objectif essentiel, du village de Grand Rozoy. Nous n’étions pas au courant des troupes qui étaient engagées à nos côtés, sauf les bataillons du régiment. Les blindés, eux, avaient des objectifs lointains. Je marchais en tête de ma compagnie. Au début, la progression se fit facilement, sans réaction de la part de l’ennemi simplement, je fus avisé que des Allemands avaient été découverts, dissimulés dans des bottes de foin. Atteignant le village, je constatais un spectacle qui me remplit d’étonnement et d’émotion : sur la côte 152, dominant la localité, 2 mitrailleuses lourdes allemandes se trouvaient en batterie, mais sans que des servants soient présents. Plusieurs hypothèses justifiaient la non-présence des servants :
-ou bien ils avaient abandonné leur poste
-ou bien, blessés, ils avaient dû être enlevés par ambulance.
Mais il est certain que s’ils eussent été à leur poste, peu d’entre nous auraient pu échapper aux tirs.
A ce moment se place l’incident de la CONTRE ATTAQUE ALLEMANDE.
Observant à la jumelle la région au sud du village, j’apercevais des groupes d’hommes, qui, manoeuvrant comme à l’exercice, se repliaient par bonds. Je constatais alors qu’il s’agissait de troupes anglaises qui, tenant le FRONT à côté de notre 3ème bataillon, se retiraient devant une contre-attaque allemande. Ce mouvement de recul s’effectuait, certes, en ordre parfait, mais il eut pour conséquence de livrer notre 3ème bataillon à l’ennemie en abandonnant de nombreux prisonniers. Je poursuivis la marche de ma compagnie, vers le centre du village, situé en contrebas; là, nous fûmes l’objet d’un violent tir d’artillerie de l’adversaire qui occasionna de lourdes pertes; moi-même, je fus atteint d’un gros éclat d’obus. Avec un très grand regret, je dus abandonner le combat et être évacué vers l’arrière par ambulance.
Là s’arrête le récit de ce combat, et je ne pourrais donner d’autres renseignements que ceux qui me furent communiqués par la suite. J’ai appris, notamment que les pertes subies par mon régiment quoique sévères, n’ont pu empêcher la poursuite du régiment en avant, ainsi qu’il est dit dans l’ordre général (ci-joint) du Général MANGIN, commandant la 10ème Armée.
C’est avec émotion que j’ai retracé ma participation à la libération du Village de Grand Rozoy, et je salue avec peine la mémoire de ceux qui sont tombés dans ce combat.
Signé : Lieutenant Fernand JAUPART
récit tiré de http://batmarn2.free.fr/2grdrzoy.htm