Ce texte a été préparé avec le soutien actif de Marie José Gillet.

Marie José GILLET ne manque jamais l’occasion de nous faire partager ses connaissances et lorsqu’il s’agit de l’histoire du cimetière et d’art funéraire, elle va chercher dans les informations que lui a laissées son mari, Claude, ancien marbrier, aujourd’hui disparu.


Vers l’an 1000, un premier cimetière existe proche de l’église. Par la suite, il occupe un terrain correspondant à une partie de la place Poterne.

En 1769, une épidémie (1) décime la ville de Chazelles ; il n’y a plus suffisamment de place pour y enterrer tous les morts et le cimetière est transféré sur l’actuelle place Charles De Gaulle (anciennement Place Thiers).

Le décret napoléonien du 12 Juin 1804 (2) établit que les tombes doivent être mises en dehors des murailles de la ville. Mais il faut attendre plusieurs décennies pour que ce décret soit mis en application à Chazelles… (3)
C’est en 1854 que le cimetière est transféré sur le lieu dit « Le Camp », emplacement du cimetière actuel.

A ce jour, il y a deux cimetières : l’ancien cimetière et le nouveau créé vers 1970 : une extension de l’autre coté de la rue Ducasse.

Dans l’ancien cimetière, il y a eu 4 agrandissements successifs : les 3 agrandissements coté droit de l’entrée sont encore visibles grâce aux vestiges des murs. Le 4ème, sur le coté gauche, date de 1960. On compte plus de 1400 tombes.

Des sépultures riches et monumentales côtoient les tombes les plus humbles. On trouve encore quelques petites tombes signalées simplement par une croix en fonte, fichée en terre, sans encadrement ni plaque, avec des cœurs en zinc et des croix d’enterrement.

Les tombes sont plutôt vastes : six mètres carrés et jusqu’à sept mètres carrés cinquante pour les caveaux.

Les matériaux employés sont variés : calcaire, marbres de différentes couleurs, granite et toutes les variétés de pierre comme la lave de Volvic pour la tombe Depaillat. En 1950, un nouveau matériau fait avec de la poudre de marbre et du ciment apparait : le simili.

Le style du monument et les matériaux utilisés permettent d’évaluer la période de construction de la sépulture tout comme le rang social et le niveau de richesse de la famille. Les uns ont choisi l’art romantique avec des fleurs, un retour au moyen-âge avec des motifs gothiques ; d’autres ont préféré l’orientalisme d’un obélisque, des colonnes, des colonnes brisées ou des statues de pleureuse et, d’autres encore, l’Art Nouveau ou l’Art Déco.
Ces superbes réalisations nécessitaient les compétences techniques et aussi artistiques d’un tailleur de pierre, d’un sculpteur, d’un graveur.

Dans ce cimetière on y retrouve toute la bourgeoisie chapelière chazelloise qui s’est fait édifier de superbes caveaux. La tombe de la famille Eugène Provot était autrefois un mausolée mais les étages devenus dangereux ont dû être démolis car la pierre avait gelé ; elle reste toutefois remarquable car elle est double (face et dos).

La chapelle-coupole aux pierres appareillées abrite le chapelier Jules Ferrier.

La sculpture de la tombe de Max Fléchet, ministre et maire de la ville, avec les flambeaux renversés, est dominée par un ange. Pour d’autres Fléchet, c’est un linceul drapé autour d’une croix monumentale.

La chapelle des Verpilleux-Néel, aujourd’hui en très mauvais état, conserve encore un des vitraux du baldomérien Eugène Mauvernay.

Le caveau Gouttelle a perdu sa verrière mais a conservé son beau médaillon avec un portrait féminin, ses petites plaques nominatives et sa superbe barrière aux roses de métal.

Il y a aussi le caveau de ce boulanger local avec une énorme sculpture portant croix, blé et raisins, colombes et agneau et cette petite tombe ornée d’une imitation de rochers et de croix en bois avec un parchemin qui fut le travail du jeune Claude Gillet lors de son apprentissage

En parcourant les allées, vous y retrouverez des personnages connus qui reposent dans ce cimetière comme Nicolas Beyron le bouliste, Hippolyte Bourne (1864-1941), patron chapelier et historien de Chazelles, Armand Bazin, ancien Maire et Conseiller Général, Lucie Vincent qui, au début du 20ème siècle, a posé pour la pleureuse du Monument aux Morts du cimetière, Alexandre Séon le peintre, Jules Troccon le poète, …

Y sont aussi enterrés nos héros chazellois de la seconde guerre mondiale : Adrien Monnier, Ferdinand Mirabel, René Seyroux, Claude Protière, Jean Thomas et Jacques Toinet.


(1) Epidémie de variole et /ou de rougeole entre 1767 et 1771 avec un pic de mortalité en 1768 (100 morts recensés). Pierre Mathieu a développé ce sujet lors d’une conférence en 2017 ; un article (Avril 2017) est aussi sur le site internet de PHIAAC.

(2) le décret napoléonien rassemble toutes les règles précédentes sur les cimetières dans un seul corpus et établit que les tombes doivent être mises en dehors de la muraille de la ville. Le décret établit aussi que les tombes doivent être égales pour éviter les discriminations entre les défunts ; sur les tombes des défunts illustres on peut faire sculpter une épitaphe. Donc ce décret a deux motivations : une hygiénique-sanitaire, l’autre de genre idéologique-politique.

(3) Ouvrage de Hippolyte Bourne « Histoire de la ville et de la Commanderie de Chazelles Sur Lyon », aux éditions René Georges d’après l’édition originale de 1912 : « Malgré le sursis accordé par M.Jahr, Préfet, en 1837, à l’exécution de l’arrêté de M.Sers, son prédécesseur, force fut de reconnaître que le cimetière devenait insuffisant et qu’il fallait le remplacer par un autre plus spacieux. Un terrain situé au lieu dit du « Camp » ou du « Moulin à vent »est acquis de sieur Gonon, pour cette destination, au prix de 4.000frs. Le Conseil Municipal vote un emprunt de 8.000frs pour solder le prix d’acquisition et la construction des murs de clôture ».