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Caderat n’était pas un  “farlot” disparu auquel on a attribué “post-mortem” une rue en raison de son passé au service des citoyens. C’était autrefois un lieu-dit situé en dehors de la ville au-delà de la tour qui fermait l’impasse de Versailles en face de la rue Désirée. Cet endroit s’appelait d’ailleurs Grange Caderat. Des vieux chazellois aujourd’hui disparu mais natifs du lieu-dit qui connaissaient l’histoire transmise entre générations prétendaient qu’il s’agissait d’un quartier occupé par les fermes et les granges où pullulaient les rats, d’où “qu’a de râts” (en patois) puis par contraction “caderat”.  Une recherche de Caderat sur le moteur de recherche mondial vous emmène inévitablement sur Chazelles-sur-Lyon où vers la hanche des Espagnols ! Considérons donc cette explication comme hautement plausible (si une autre explication peut être donnée, merci de nous la communiquer(*). Il est vrai que jusqu’aux années 1960-70  cette longue rue, après sa portion urbaine avec la propriété Meunier et l’usine de chapeaux Désage était ensuite bordée de petites maisons et de grands jardins pour l’horticulture qui se mélangeaient aux fermes, telles celles des Chanavat, des Gord et des Lornage, des 3 Grange. Elle continuait jusqu’à celles des Goutte, à nouveau des Henri Lornage  puis les Fayolle et enfin les Berne-Gerin et Gerin au-dessus de la route de Bellegarde.

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Rue Caderat

Parmentier, de son prénom Antoine, était ce pharmacien  militaire agronome  arrivé à imposer au XVIII° siècle, sur la table des Français, la pomme de terre jusque-là réservée au bétail dans les écuries et …donc aux rats, car considérée comme impropre à la consommation humaine ! La patate devient au XIX° siècle le principal soutien de la révolution industrielle en  offrant un aliment peu couteux  aux ouvriers des villes de plus en plus nombreux autour des mines et des usines pour extraire le charbon, fabriquer la fonte et la vapeur, utiliser le fer…et faire les chapeaux. C’est d’ailleurs, coïncidence (?), dans ce quartier « ouvrier » de Chazelles à « Bras de Fer », zone des usines d’hier et de la salle de sport, que l’on situe la rue Parmentier.

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Antoine Parmentier

Ici, vous trouvez dans une petite maison sur la crête, entourée d’un joli petit jardin, Monsieur Maurice Montagny.  C’est un passionné de vieux moteurs fixes qu’il récupère et remet « à neuf » en parfait état de marche pour les exposer ensuite dans les différentes manifestations régionales  agricoles et motoristes. Il possède notamment trois beaux moteurs d’années différentes et provenant d’une ancienne usine chazelloise de fabrication de moteurs thermiques ouverte à la sortie de la première guerre mondiale en 1920 : la maison Lacroix et Prat. Elle montait des moteurs thermiques sous licence Guyot à essence, mono ou bicylindres. Ces machines transportables possédaient une poulie prise de force capable d’entrainer grâce à une courroie tout un panel de machines agricoles mécaniques telles les batteuses, pompes ou scies. Chaque ferme avait autrefois son moteur thermique que l’on adaptait aux besoins des travaux du moment. Cette société a été florissante entre les deux grandes guerres et son marché s’étendait jusqu’en Afrique. Les moteurs étaient, là-bas, très utiles pour le pompage et l’irrigation. Nous vous reparlerons de cette petite industrie chazelloise, après qu’une équipe de PHIAAC ait fini ses recherches en cours.

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Maurice Montagny dans son atelier

Notre mécanicien a récupéré ainsi un jour le vieux moteur thermique de la ferme qu’occupait Joannès Lornage, aujourd’hui décédé,  aidé de sa fille Marie-Louise ou “Maryse” qui, malgré ses 84 ans de l’instant, a toujours bon pied, bon œil et une belle mémoire.

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Marie-Louise Lornage

Cet outil agricole trainait au fond d’un chapit et notre fermière très cultivée, qui a eu aussi la lourde charge de la Mutualité Sociale Agricole pendant des décennies, a eu l’excellente idée de le donner à Maurice Montagny. Après des mois de travail, il a pu faire revivre l’engin. Il a dû en effet reprendre entièrement la culasse, décabosser millimètres  après millimètres les pièces en laiton telles que réservoir, radiateur, retrouver flotteurs et pointeaux de carburateurs, rebobiner la magnéto et la renforcer pour l’adapter à de nouvelles bougies d’allumage à culot standard,  etc…

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monocylindre ventilé Lacroix et Prat 3-4 CV sous licence Guyot

Aujourd’hui le moteur Lacroix et Prat sous licence Guyot est en parfait état de marche et se promène dans notre région pour s’offrir à l’œil des collectionneurs et des curieux. Nous vous le montrerons avec d’autres et vous pourrez l’entendre fonctionner bientôt dans une revue de cette ancienne usine.

Une autre belle page pour le patrimoine de  Chazelles.

A la demande de nombreux lecteurs qui ne pouvaient attendre, voici une petite vidéo d’un moteur Lacroix et Prat en marche. Rassurez vous le moteur de Mademoiselle Lornage, que l’on voit à coté du rouge en marche, tourne aussi bien et avec ce même bruit extraordinaire!

(*) Il y a, inscrite dans le terrier de 1576, une famille Dethollier, “dict Caderat” (dict= dite) qui peut être à l’origine du nom du quartier. Reste à expliquer pourquoi la famille est “dite” Caderat. On en reviendrait à la proposition des anciens….