De mémoire de sandounières (habitants de Saint Denis Sur Coise, petit village des Monts du Lyonnais), il y avait, au début des années 50, au bourg de Saint Denis, 4 cafés : Blein, Chillet, Denis et Dubois. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un seul : L’Eclipse connu sous le nom «ancien café Dubois ».

C’est dans cette maison que se sont succédées, entre  1872 et 2008, plusieurs générations Dubois. Voici leur histoire (*)…

Il faut attendre le recensement de 1846 pour voir cité un premier commerce au bourg de Saint Denis : Jean Laffay (27 ans) « cabaretier ».
Au recensement de 1866, à coté de Jean Laffay qui a maintenant le titre d’« aubergiste », sont mentionnés deux nouveaux commerces : Jean Claude Grange (31 ans) épicier et Jean Claude Pupier (44 ans) épicier-buraliste.

C’est seulement au recensement de 1872 que figure, sur la commune, pour la 1ère fois, un boulanger : Jean Baptiste Dubois.
Jean Baptiste Dubois, né à Saint Denis,  est alors âgé de 19 ans. Il vit avec son père Jean Marie (45 ans) cultivateur et sa mère Antoinette née Moulin (41 ans), avec son frère Jean (6 ans) et ses 3 sœurs Etiennette (17ans), Claudine (11ans) et Marie (2 ans)..
Jean Baptiste épouse Marie Louise Thélisson née en 1850 et de cette union naissent deux enfants : en 1877 Marius et en 1885 Claude Marie (plus connu sous le prénom de Joannès). Marie Louise, la mère, décède très certainement à la naissance de ce second fils.
Jean baptiste se remarie alors avec Marguerite Besson née en 1864 et ils ont deux fils Jean Antoine qui nait en 1889 et Lucien en 1903.

Carte postale, Saint-Denis sur Coise, entrée du village.

Marguerite DUBOIS devant son commerce

En 1901, Claude Marie est boulanger avec son père Jean Baptiste. Au recensement de 1906, Marguerite est déclarée « patronne boulangère» ; Jean Baptiste décède cette même année à l’âge de 47 ans d’une pneumonie certainement.

Dans cette maison Dubois, l’activité se diversifie… En 1911, Marguerite est épicière et son beau-fils Claude Marie boulanger. Il subsiste au bourg l’épicerie de  Jean Claude Grange mais celle de Jean Claude Pupier n’est plus, peut être c’est elle qui a été reprise par les Dubois.

Les 2 frères, Jean Antoine et Claude Marie le boulanger du village, partent à la guerre. Ce serait alors un Crozier qui aurait fabriqué le pain pour les sandounières.
Marguerite conserve l’épicerie.

Claude Marie n’aime pas le métier de boulanger. Il aurait voulu être instituteur ! A son retour, il quitte Saint Denis pour un emploi dans une banque.

Lucien, encore tout jeune garçon au décès de son père (il a seulement 3 ans), grandit. Il fait son apprentissage à la boulangerie Couzon de Saint Christo avant de revenir comme boulanger à Saint Denis .

 

Lucien, apprenti boulanger à Saint Christo, avec sa patronne Madame COUZON.

Lucien, apprenti boulanger à Saint Christo, avec sa patronne Madame COUZON

La boulangerie Dubois renait donc avec Lucien qui épouse Marie France (née à Savigneux en 1904). En 1930, nait leur enfant unique René.
Ce serait à la mort de sa mère Marguerite, en 1931, que Lucien reprend, avec sa femme Marie, l’épicerie et y ajoute un café avec seulement la petite licence (**).

 

LUCIEN livre le pain au moment des gros travaux aux champs.

LUCIEN livre le pain au moment des gros travaux aux champs. Le petit garçon qui l’accompagne pourrait être René, son fils.

René se marie en Janvier 1955 avec Yvonne Gubian (née en 1930). Lucien rachète le café Blein pour y installer le jeune couple. Ils bénéficient alors de la grande licence qui leur permet de vendre tous les alcools.
Les deux générations travaillent ensemble. René fabrique le pain avec son père et aussi, il vend des produits agricoles. Yvonne aide au magasin. L’ancien café Blein est ouvert le dimanche seulement.  

Pendant de nombreuses années, les farlots et les pelauds y viennent le dimanche manger un casse-croute ou seulement  le fameux «patchi» (paté). Les hommes arrivent tôt le matin, souvent à pied, pour pêcher et les femmes les rejoignent plus tard avec les enfants.

 

Carte postale, Saint-Denis sur Coise, le village et le pont.

René et Yvonne ont deux enfants, Bernard et Éliane.

Lucien décède en 1979 et son épouse en 1985.

René et Yvonne prennent leur retraite en 1992. Leur fille Éliane, née en 1956, reprend l’activité jusqu’en 2008 en maintenant le café avec la vente de tabac, l’épicerie avec seulement un dépôt de pain et en développant le restaurant qu’elle rebaptise « L’éclipse » .

Aujourd’hui, à Saint Denis, il n’y a plus qu’un seul café, c’est celui-ci…

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(*) Histoire reconstituée à partir d’une part des éléments collectés sur le site des archives Départementales de la Loire (recensements de 1846 à 1911) et d’autre part des photos et informations recueillies auprès d’Yvonne Dubois que nous remercions chaleureusement.

(**) Autorisation légale permettant dans un débit de boissons ou dans un restaurant de consommer du vin, de la bière ou toute autre boisson titrant moins de 18° d’alcool.

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