On dit souvent que chaque Français descend de Charlemagne par un jeu des brassages de populations de génération en génération. Guillaume de Morant tente d’en faire la démonstration dans un article de “Notre Temps” en mai 2005. Il nous montre par un calcul arithmétique élémentaire la puissance de cet adage populaire. Et plus sérieusement encore il nous explique comment cela est possible, chacun devant être apte à le prouver en construisant son arbre généalogique. Pour consulter l’article cliquez sur le lien ci-dessus.
Arrivée des Chevron dans la lignée des Mitte
Sans aller plus loin et pour s’en tenir à Hugues Capet, descendant de Charlemagne, on en est certain: de nombreuses familles des Monts du Lyonnais sont issues de ce roi des Francs consacré en 987, nommé par élection et parmi les nombreux descendants de Charlemagne.
C’est le cas des familles Chevron qui apparaissent dans l’arbre des Capétiens avec le mariage en 1546 de Pierre Chevron avec Marie Thelusson ou Thélisson. L’un est de Pomeys et l’autre de Saint Symphorien, probablement en rapport (à confirmer) par alliance avec les Des Gouttes et Le Court , humanistes lyonnais liés au château de Pluvy.
Ci-dessous l’acte de donation avec la traduction que Marie-Thérèse LORCIN en a faite pour la revue L’Araire n°143 de décembre 2005 et concernant la donation de Françoise Mitte à sa fille Marie, tous personnages retrouvés plus bas. Le texte est tiré du site de Stéphane Batigne
Marie Thélisson est la fille de Michel Thelisson et de Françoise Mitte de Chevrières mariés en 1514 à Chazelles-sur-Lyon. Cette dernière est la fille de Jean Mitte Donat de Chevrières, marié aussi à Chazelles en 1492 avec Jeanne Marguillier. Notre Donat (ou batard) est un enfant issu d’une liaison entre Jeanne Drive (on ne sait s’il s’agit d’un nom ou d’un surnom), une nourrice des Monts du Lyonnais, et Louis 1° Mitte de Chevrières. Elle sert en plus de médicament, offrant son lait à cet amant qui traite de la sorte ses troubles digestifs liés aux excès alimentaires. L’enfant, né en 1466, a été reconnu par ce noble seigneur occupé à de très hautes fonctions auprès du roi de France du moment : Louis XI.
Un an plus tôt, en 1465, Jean II, comte de Forez, duc de Bourbon, ennemi juré de Louis XI, avait incendié le château des Mitte, alliés de ce roi, à Chevrières avec ses troupes de Foréziens en poursuivant les Milanais de Sforza, autres alliés de Louis XI. Louis Mitte avait alors trouvé refuge dans un autre de ses châteaux à Grezieu-le-Marché où sa femme, Françoise de Miolans, issue de la noblesse savoyarde, va d’ailleurs mourir cette même année 1466. C’est en se consolant rapidement de son veuvage qu’il a eu cet autre enfant qu’il reconnait mais qui prend cependant le dénominatif de Donat, le différenciant ainsi de son fils ainé Jean III, fils de Françoise, son épouse.
On remonte à Hugues Capet par les Mitte
Pour arriver à Hugues Capet il suffit de remonter par les Mitte, famille ancienne issue de Saint Hilaire-Cusson-La-Valmitte, village aux limites de la Loire et de la Haute-Loire après Saint-Bonnet-le-Château, vers les “de Montagny”, alliés par mariage puis les “d’Oingt”, les “de la Tour du Pin”, etc…selon le schéma suivant qui nous a été donné de façon conjointe par Angèle Sommacal** et Janine Chevron***, descendantes par alliance de Pierre Chevron des Olmes à Pomeys qui montrent un même parcours jusqu’au XVII° siècle. On retrouve cela de façon identique sous une autre présentation dans deux articles de “Généalogie et Histoire”, la revue du CEGRA (Centre d’Études Généalogiques Rhône-Alpes)
Angèle Sommacal a habité la ferme Chevron aux “Ormes” sur la commune de Pomeys où tous les papiers officiels conservés dans une boite ont été découvert, permettant après déchiffrage de remonter le temps.
Il est intéressant de savoir aussi que Jean, le fils ainé de Louis Mitte de Chevrières issu de son mariage avec Françoise de Miolans, décédée en 1466 comme signalé plus haut, sera en 1489 le seul héritier du nom de son père : Mitte de Chevrières en devenant Jean III.
La Famille Mitte jusqu’à la fin du XV° siècle
Quelques notes, issues de recherches par Janine Chevron sur Chevrières et complétées par la lecture du travail de l’abbé Signerin**** nous font remonter dans la famille Mitte.
Mitte est donc un vieux château dont il ne reste aujourd’hui que quelques pierres dans la paroisse de Saint Hilaire-Cusson-La-Valmitte. En 1277 il est fait mention du décès d’Ogier Mitte de Mons qui était gouverneur du Dauphiné. Puis on parle de Pierre 1°, bailli du Forez, qui s’exile en Italie pour échapper à la justice, accusé de meurtre. Son fils ainé Guillaume devient par son mariage en 1331 avec Catherine de Malvoisin, seigneur de Chevrières et de Viricelles. Le couple a dix enfants. Il meurt en 1350 et est enterré au château familial de Saint Georges-Lagricol. Catherine meurt beaucoup plus tard en 1379 et est enterrée dans la chapelle du château de Chevrières. Pierre II, dit Conil, le fils ainé succède à son père, se marie à Marguerite de Séverac et meurt en croisade en 1391. Son fils Jean, dit Mitton, lui succède très jeune d’où le surnom, se marie avec Agnès Allemand de Dauphiné la même année et meurt en 1394 soit trois ans plus tard. C’est son épouse, tutrice de ses enfants qui gère la maison jusqu’à la majorité de l’ainé des enfants Jean II. Celui-ci est seigneur de Chevrières, Grezieu, Mons, Laval, Viricelles… Il se marie avec Isabeau de Montagny, est nommé écuyer de Charles V, mais meurt très tôt à 24 ans laissant trois enfants : Louis, Guillaume et Pierre. C’est Louis 1°, le fils ainé qui lui succède en 1416 sous la tutelle notamment de sa mère. Très jeune il est attaché à la maison de Bourbon et est élevé avec le comte de Clermont qui deviendra le duc de Bourbon. Il devient chambellan et sénéchal de Bourbonnais, allié inconditionnel de Charles VII puis Louis XI. Cela lui vaut la haine de Jean II de Forez, duc de Bourbon, dont on a vu le résultat plus haut. C’est son fils ainé Jean III qui lui succède en 1489. Il habite à Grézieu-le-Marché.
Nous dépassons dès lors les limites du travail puisque nous en arrivons à la période du mariage de son demi-frère Jean Donat Mitte et dont la petite fille Marie Thelisson ou Thélusson se mariera avec Pierre Chevron.
PS. Un prochain article plus détaillé et plus élaboré sur le plan généalogique paraitra bientôt pour confirmer le titre de celui-ci avec l’aide de Jacques Evrard, spécialisé en généalogie
Bibliographie.
*Les cahiers de Généalogie et Histoire édités par le CEGRA
-Des Chevron aux Mitte de Chevrières, François Bouteille, n°92, 1997
-Jean Mitte, Donat de Chevrières, Éric Moulin-Zinutti n°168, 2016
**Les informations écrites et orales d’Angèle Sommacal à Chazelles-sur-Lyon
***Les informations écrites et orales de Janine Chevron à Chazelles-sur-Lyon
****Histoire de Chevrières, Abbé Charles Signerin, Imprimerie Theolier 1894