Claude Protière, un jeune chapelier chazellois a été assassiné par des balles ennemies provenant de miliciens transportés dans un train le 13 aout 1944. Son histoire fait partie de celle des “Chapeliers de Rodolphe“, livre remarquablement écrit par Clement Fereyre et dont une réédition augmentée a eu lieu en 2015. Vous pouvez vous procurer cet ouvrage auprès de la fille de l’auteur en la contactant à cette adresse mail : leschapeliersderodolphe@gmail.
Chaque année, le deuxième dimanche de septembre, c’est l’occasion à Viricelles, village où il est décédé dans une opération armée avec le groupe GMO Liberté, d’honorer sa mémoire et de rappeler le courage et le sens de la Patrie qu’avaient ces jeunes gens. Tous ont honoré leur pays. L’un de ce groupe armé est toujours parmi nous. Georges Grataloup ne manque jamais le rendez-vous annuel avec la mémoire de son ami Claude, Léon dans le groupe. Il était là encore aujourd’hui 11 septembre par un beau matin de fin d’été entouré dans anciens combattants, porte-drapeaux et officiels des communes de Chazelles et Viricelles.
Claude Protière, dit Léon dans le groupe armé, est parti avec ses hommes dans la nuit du 13 aout 1944 tendre une embuscade à la sortie nord du tunnel de Viricelles sur la voie ferrée unique reliant Lyon à Montbrison. L’opération devait consister à intercepter et détruire un convoi allemand de munitions en provenance de L’Arbresle et se dirigeant sur Montbrison. Des charges de plastic ont été placées sur la voie pour cisailler les rails au cas où les mécaniciens refuseraient de s’arrêter. Tout a été fait pour éviter que le convoi n’explose pas sous le tunnel car le village de Viricelles est juste au dessus et doit être épargné. Au bout de quelques heures d’attente nocturne, c’est du côté opposé que va arriver un train en provenance de Montbrison alors que le soleil commence à se lever. Léon fait arrêter le train et demande à ses hommes de ne pas tirer car il apparait au premier abord que la locomotive tire des wagons de voyageurs. Au moment où il ouvre une portière de wagon il reçoit une balle dans le cou tirée d’un wagon voisin. Elle est suivie d’une seconde alors qu’éfondré avec la première, il git à terre. Le train s’avère en fait être rempli de miliciens armés qui fuient Saint-Etienne, les mauvaises nouvelles de l’arrivée des forces alliées leur étant parvenues. Va s’en suivre une fusillade générale tandis que le train arrive à passer grâce à un aiguillage de cisaillement prévu primitivement pour un sens contraire du train (nous sommes sur une ligne à voie unique et quelques zones de croisement aux approches des gares) et ce, malgré la détérioration d’une partie de la voie endommagée par le plastic qui a explosé. Trois résistants seront grièvement blessés et Léon mourra quelques minutes après que ses hommes aient tenté de le transporter en lieu sûr. Personne ne saura le nombre exact de victimes qu’il y a eu parmi les miliciens mais il fût surement important. Le retentissement de cet épisode a été important dans la région… Et c’est quelques jours plus tard les Allemands quittaient La Quinardière et La Mornandière, siège de leur plus importante base radar en zone sud de la France.
C’est l’occasion d’écrire ces petites phrases extraites du livre de Clement Fereyre qui sont un très bel hommage à cet homme mort pour son pays:
“Il git dans la camionnette,le teint cireux, ses jambes blanches contrastent avec le bleu marine du short. Deux blessures à la hauteur du cou sont masquées, en partie, par un dérisoire pansement “firstfield”; tout cela est arrivé si sûbitement que l’on a peine à réaliser; on erre d’un copain à l’autre complètement déboussolés, en répétant sans y croire, Léon est mort! Léon est mort! Qu’il est mince le fil séparant la vie du néant, jamais jusqu’à cet instant je n’avais ressenti la précarité de notre existence. L’homme qui nous conseillait, attentif à nos maladresses, qui nous vitupérait ou nous complimentait toujours dans le but louable de préserver notre peau, l’homme enfin que nous croyons tous, de par son expérience invulnérable, venait lui, de se faire tuer.” [1]
Pour information, Claude Protière est enterré au cimetière de Chazelles-sur-Lyon dans une tombe familiale qui se situe dans la portion droite de la dernière rangée de “l’ancien cimetière”.
[1] “LES CHAPELIERS DE RODOLPHE” FEREYRE CLEMENT