Certes, ce n’est pas le plus beau marché de France mais c’est celui de mon enfance.

Jour de marché, je suis comme un poison dans l’eau. Tout est couleur, odeur, saveur…

 

Premier arrêt, l’étal du fromager tenu par Madame et Monsieur.

Toujours aussi bien présenté avec un choix incommensurable mais aujourd’hui, il y a quelque chose de changé. Il suffit de regarder Monsieur, d’habitude tout sourire, toujours prêt à vous vanter un fromage qu’il vous invite à découvrir avec des arguments qui vous mettent l’eau à la bouche. Aujourd’hui, rien. Madame, l’air ailleurs, vous encaisse sans son petit commentaire habituel sur la météo. C’est clair comme de l’eau de roche, il y a de l’eau dans le gaz.

 

Étal suivant, le primeur.

Monsieur est aussi rondouillet et joufflu que ses légumes et fruits sont beaux et bons. Certes, pour vous rendre la monnaie, il se noie dans un verre d’eau. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort car son commerce semble des plus florissants. J’hésite à mon tour entre deux avocats. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau mais leur maturité et leur saveur peuvent varier du tout au tout.

 

Le poissonnier

Plus aucun poisson. Tout est vendu ; il est vrai qu’il est 11h30. Je me retrouve le bec dans l’eau. Dorénavant, il faudra que je vienne plus tôt au marché. Oui, chat échaudé craint l’eau chaude. Le repas que j’avais prévu pour midi est en train de tourner en eau de boudin.

 

Qui vois-je là ; Berthe, mon amie Berthe.

Nous échangeons sur nos soucis quotidiens, son Jean qui est rentré cette nuit fort tard et dans un état ! J’ai peur que ce soit la goutte d’eau qui fasse déborder le vase. Sans vouloir apporter de l’eau à son moulin, je lui confie que mon Jules, lui, ne jure que par la boule, la pêche… Bref, on a beau dire : tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Mais après moultes palabres, nous convenons Berthe et moi qu’un tien vaut mieux que deux tu l’auras. Alors on a mis de l’eau dans notre vin et on est reparti finir nos courses pour le repas de midi bien qu’il soit déjà 12h30.

 

Là devant moi Jean, le mari de Berthe.

Conscient d’avoir fait une bêtise, il voudrait venir manger chez nous. Alors je me suis dit : Compte là-dessus et bois de l’eau fraîche, mon ami, tu t’arrangeras avec ta Berthe.  Et de toute façon, je ne suis vraiment pas une bonne cuisinière et quant à faire un repas copieux …. Bon, il ne faut jamais dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau mais l’eau aura coulé sous le pont (de la Coise) avant que j’arrive à faire un vrai festin.

Sur ces bonnes paroles, je vous dis à bientôt.

Vous aurez compris que tous les personnages ci-dessus sont nés de l’imagination de la rédactrice.