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Le hameau du Beyron

Tout près de Chazelles, entre Saint Pierre et La Mornandière, non loin de l’Anzieux au nord de La Guiraudière, mais sur la commune de Bellegarde-en Forez, se trouve un hameau dont le nom est bien connu notamment des Farlots : Le Beyron. Chazelles a eu son usine de Chapeaux Fournand-Beyron devenue SIC après fusion avec Fléchet et Morreton. Nicolas Beyron, grand chapelier était aussi un grand bouliste avec son fils René grand résistant. Il y a aussi le garage Beyron, l’imprimerie Beyron, etc…

On trouve dans cet endroit perdu, au bout d’un chemin incertain qui mêne à l’Anzieux, encore quelques maisons en fin de vie. Il n’y a plus de souffle assez puissant pour y faire grincer une porte, un volet branlant ou une fenêtre sans verre. Les toits rougis par l’inflammation, souffrent en silence. Ces douleurs viennent du lierre, qui ronge les tuiles et les charpentes. Ce seraient les seuls à pouvoir encore faire du bruit, s’ils craquaient aussitôt. Pas un oiseau, pas un animal ne vient égayer ce lieu. Le puits avec sa porte encore ouverte n’a plus sa corde à la roue mais il vous invite à l’aventure dans la profondeur du sol, vers cette eau qui donnait hier la vie.

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Un puits sans vie

Triste spectacle que ces corps meurtris, crevassés, pesteux, buboniques, à l’agonie et sans assistance, bientôt recouverts de ce linceul vert fait de ronces aux épines acérées et de lierres aux ramifications qui étouffent. Un rare poteau électrique, trace de civilisation, communique par des liens aériens avec cette vie lointaine que l’on devine au loin. Les clochers de Maringes, Viricelles et Chazelles ne sont d’ailleurs pas loin. La belle cheminée de l’usine Fléchet, protégée et entretenue, devenue symbole et patrimoine du Farlot, est juste derrière la crête de la colline et ces maisons mourrantes ont dû  maintes fois voir autrefois le panache de poussières noires qui ornait sa lanterne au temps de sa grandeur quand elle travaillait alors.

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Chazelles tout proche

 

Ici pas de sauvetage pour ces pages de la vie paysanne d’hier. Il semblerait pourtant que ce hameau à vocation agricole du Beyron soit très ancien puisqu’on le trouve mentionné bien avant la Révolution sur les cartes de Cassini (ici orthographe Bairon).

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Carte Cassini (Bairon ou Beyron dans le cercle bleu)

C’est probablement de lui  que l’on parle quand il s’agit des propriétés de la famille forezienne des Staron au XVII° siècle, laquelle semblait aussi posséder la toute proche propriété de La Chardière. Ces domaines étaient occupés par des métayers qui entretenaient et cultivaient le sol contre redevance en nature au propriétaire.

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Mais demain il n’y aura plus rien. Le Beyron aura été rayé de la carte, la ferme proche aura vite oublié que quelques pas plus loin, en bas hier on y vivait, on y travaillait. C’est le sort de toutes ces fermes qui disparaisent une à une, deshabitées puis oubliées Le panneau de signalisation tombera un jour, Google est déjà passé par là pour enlever le « y » qui ne lui convenait pas à la façon de l’atlas des cantons de 1887.

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La nature apparemment calme a jeté touts ses forces pour engloutir le hameau

Pour notre part, nous aurons au moins sauvé ces quelques images qui font déjà partie, aujourd’hui, d’hier puisque demain il n’y aura plus rien. Nous vous laissons à cette émotion qui ressort devant ces murs broyés,  ces toits coulants,  ces amalgames de pierres, pisé, bois et tuiles recouvrant le sol pour cacher cette sale fin à venir.

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La roue du puits pend au dessus d’une eau morte? Cette porte ouverte est-elle une invitation à rentrer?

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Plus une trace de vie dans ces maisons étouffées par la végétation

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Et si ces portes et fenêtres, écurie et instruments …

Redonnons lui un peu de vie pour l’avenir…

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