René Larue nous donne une nouvelle fois l’occasion de parler de notre “ancien mobilier urbain”. Il s’agit de la pissotière de Saint-Roch.
On se réunissait dans ce quartier stratégique aux nombreux angles formés par six rues qui se détachaient en étoile. L’un d’entre eux comportait une pissotière.
C’est à Saint-Roch que l’on apprenait beaucoup sur la vie quotidienne de Chazelles, notamment sur les alliances et mésalliances entre gens du pays… Ce carrefour était apparu après que l’importante porte de la ville, ouvrant sur l’ancienne route de Lyon et le quartier dit “de Saint Roch” au bas de la “rue de La Font” ( c’est son écriture officielle sur le cadastre napoléonien: inutile donc de checher une famille Lafont), ait été détruite au XIX° siècle vers 1840. Le quartier Saint Roch était alors hors des murs de Chazelles et comprenait notamment l’ancien cimetière situé à l’époque sur la Place Thiers ou Charles de Gaulle ainsi nommée de nos jours (celui-ci avait été déplacé trois ans plus tôt en 1837 au Camp, à son emplacement actuel) et qui comporte encore le monument aux morts des soldats de la guerre de 1870. Il y avait aussi à cet endroit la chapelle Saint Roch auujourd’hui disparue.
On est en 1925. Antoine Durafour, député de la Loire, ministre du Travail vient le 27 septembre pour inaugurer le barrage de la Gimond. C’est aussi l’ouverture ce dimanche-là du Comice Agricole et l’annonce de la création officielle du canton de Chazelles-sur-Lyon. Une très grande fête est prévue
Le centre-ville s’est paré de ses plus beaux atours et l’on a ouvert au carrefour Saint-Roch une pissotière dont la maçonnerie est recouverte de superbes faïences. Elle fait face à la rue Lafont. L’hôtel du Centre avec le restaurant Peillon est tout proche sur la rue de la Gare. Elle a aujourd’hui disparu. En l’honneur de ce mobilier urbain très utile, Adrien Monier a écrit une chanson.
La pissotière
Chanson d’Adrien Monier sur l’air de : “Le Pendu”de Maurice Mac-Nab.
extrait de la chanson “Le Pendu” ci-dessous (1880)
Il parait qu’un jour à Saint-Roch
Les brelots furent bien épatés ;
Ils pensaient, les mains dans leurs froques:
Qu’est-ce qu’on va donc confectionner ?
Des messieurs d’allure respectable
Disaient : «Oui, çà pourra aller…
Cet endroit est très confortable,
C’est là qu’il faudra l’installer !» (bis)
ωωωωωω
Un jour, les maçons arrivèrent,
Comm’toujours, sans trop se presser.
Ils grattèrent tant soit peu la terre
Sous l’œil des badauds amusés !
A Bras d’ Fer pourtant on s’apprête
Car l’Ministre va arriver…
Et la pissotière n’est pas prête,
Il pourra pas l’inaugurer. (bis)
ωωωωωω
J’aurais cru qu’dans cet édifice
Le conseil aurait réservé
Un coin pour que les dames puissent
Elles aussi aller s’vidanger
Mais les hommes sont des «égoïsses»
Qui ne pensent qu’à eux…
Nous les femmes, y faut pas qu’on pisse
Pourtant on est bien fait comme eux. (bis)
ωωωωωω
Il faudra qu’un jour cela change
Nous voulons le droit de voter,
Nous ferons la guerre à outrance
Jusqu’à tant qu’on «soye» contentées !
«Oui, Mesdames, moi je vous le jure
Quand la révolte éclatera…
Pour venger cette dernière injure
Le pissoir on l’renversera». (bis)
ωωωωωω
Cette chanson de la Pissotière se trouve dans le volume 2 des Farlots : «Les Farlots chantent les Monts du Lyonnais en français et en patois». En vente à l’Office du Tourisme de Chazelles-sur-Lyon notamment.
Pour compléter ce petit article sur un des monuments de Chazelles d’hier (il y a eu bien sûr d’autres pissotières dont l’une place Poterne, une autre encore en activité du coté de la rue Martouret mais pas pour longtemps avec l’aménagement des abords de l’Atelier-Musée du Chapeau!), voici un petit document audio relatant une histoire autour de celle de Saint Roch et racontée par un authentique chazellois que l’on vous laisse découvrir.
Cliquez sur le lien ci-dessous pour l’écouter. N’oubliez pas d’ouvrir le son.