Situation.
Maringes (42140) se trouve dans le département de la Loire, en région Rhône Alpes. Le village est rattaché à la communauté de communes de Forez-en-Lyonnais. Depuis 2015, Maringes est dans le canton de Feurs. Avant la réforme des départements, cette commune était dans le canton de Chazelles-sur-Lyon. Sa superficie est de 917 hectares (9.17 km2) avec une altitude minimale de 440 mètres et maximale de 671 mètres.
Maringes est très proche de la ligne de séparation des eaux Méditerranée-Atlantique, puisque la Brevenne, qui prend sa source sur son territoire, descend à la mer par le Rhône alors que la Goutte et le Berthelon, partis aussi de cette commune, descendent sur l’Anzieux, puis à l’Océan par la Loire. Le bourg possède une situation géographique unique avec son panorama imprenable sur la plaine du Forez à l’est et sur les Monts du Lyonnais à l’ouest. Il prend toute son ampleur depuis la chapelle Saint Roch qu’il faut aller découvrir.
La population est d’environ 650 habitants que l’on appelle les Maringeons.
Il n’y a plus aujourd’hui d’industrie, mais de nombreux petits artisans, commerçants et agriculteurs qui animent la vie du village, sans oublier Paul Nicoli et Blandine Thévenon avec leurs activités musicales, ludiques et circassiennes. L’Auberge du Mottet vous attend au cœur du village pour d’excellents repas et de nombreuses animations.
Histoire du village
Une voie romaine reliant Vienne à Feurs puis Gergovie (Clermont-Ferrand), passant par le village de Saint Romain-le-Vieux, près de Chazelles (aujourd’hui disparu), puis au hameau de la Rate, traversait le lieu-dit de «Montpollon», dépendant de Maringes et dont le nom viendrait de «Mont Apollon».
Un premier peuplement serait le fait d’une colonie de wisigoths de Basse Limagne. Des moines défricheurs s’y seraient ensuite installés. La paroisse de Maringiis (nom d’homme germanique) est citée en 984.
Lors du Permutatio de 1173, Maringe (ainsi nommée) et Meys sont cités et dépendent du Comté de Forez.
En 1383 on parle de la Villa Marugearum, puis en 1390 de la paroisse de Maronges. L’orthographe de Maringes apparait définitivement fixée en 1525, car constamment trouvée ainsi jusqu’aux cartes de Cassini au XVIII°.
Le village était dans l’Ancien Régime sous la dépendance de l’archiprêtré de Courzieu, du baillage de Montbrison et de la justice de Bellegarde. C’est l’archevêque de Lyon qui nommait à la cure. Une 1° école a été construite en 1780 dans une maison donnée par le curé de l’époque.
Au XIXème et au début du XXème siècle (jusqu’en 1930), la commune connaissait une activité importante avec l’installation de briqueteries et de tuileries (Pradelles, Pradelle, Laine) que l’on trouvait aussi dans la vallée de la Brévenne et favorisées par la présence de gisements d’argile et/ou de houille, notamment sur Souzy, Haute-Rivoire, Meys et Sainte Foy-l’Argentière, mais aussi près de Maringes où ceux-ci sont bordés par un schiste chloriteux.
Le village était aussi réputé autrefois pour la qualité de son blé dit « mottet de Maringes » : il avait une paille fine et peu rigide, avec des grains de forme allongée et des épis sans barbe. C’était un blé très réputé, adapté à ce sol particulier, de bonne qualité pour le pain. Si, il fût un temps, Maringes faillit prendre le nom de Maringes-les-Blés, son école privée a franchi le pas et s’appelle «Les Blés».
Mais pourquoi pas Maringes-la-Rouge?
Quand on arrive par grand beau temps à Maringes, avec des ciels lumineux qui excitent les couleurs, comme on les voit dans cette région de petites montagnes, on est surpris par la couleur des pierres qui prennent pour la plupart un ton ocre-rouge, parfois très puissant et contrastant avec la pierre jaune dorée de certains entourages d’ouvertures des maisons.
Par contre, elle se rapproche très nettement de celle des briques largement utilisées dans la construction, très certainement du fait de l’existence de nombreuses briqueteries locales. En se promenant dans les rues du village, on retrouve cette même impression de rouge. Il faut longer le mur menant au cimetière pour s’en convaincre : il est posé sur de la roche rouge. Emmanuel-Louis Gruner, directeur de l’École des Mines de Saint-Etienne de 1852 à 1858 et éminent géologue, en avait fait la remarque lors de l’établissement de la carte géologique de la Loire en 1856. Il avait précisé dans ses travaux l’origine de cette couleur de la roche, trouvée à la sortie de Viricelles, vers Maringes, puis vers Virigneux. Elle est liée à la présence d’un schiste chloriteux géologiquement prédominant, friable et tendre, de couleur grise, jaune à verte en profondeur et qui, en se suroxydant au contact de l’air, rougit de façon intense, donnant sa couleur au sol. Les murs en pisé, faits de terre locale, ont aussi une teinte ocre-rouge. Le titre ne serait donc pas usurpé, s’appuyant sur un lien scientifique fort.
Les monuments
L’église actuelle
Dès 984 il existe une petite église dédiée à Sainte-Agathe et associée à un couvent.
Pendant la Révolution, en 1793, l’église est fermée au culte. Elle est rouverte en 1797.
Devenue trop petite et trop vétuste, voire insalubre, elle est remplacée par un édifice gothique construit entre 1867 et 1872. C’est l’église actuelle, érigée sous la direction de l’architecte ligérien Charles Antoine Favrot (qui a réalisé notamment le palais de justice de Saint-Etienne).
Elle passe alors sous le vocable de Saint-Laurent, le saint patron des fours, des rôtisseurs, des verriers probablement en raison de la présence de fours à briques… (c’est mon interprétation).
Elle comporte une grande nef centrale et deux nefs latérales. Son clocher très élancé se voit de très loin. On le remarque depuis la route de Saint Galmier à Chazelles, au niveau de la Rouillère.
Les chapiteaux sont sculptés : ceux du chœur représentent les 4 Évangélistes et ceux dans la nef centrale représentent des visages tantôt rieurs, tantôt grimaçants.
Les vitraux, historiés et exécutés entre 1872 et 1888 par Alexandre Mauvernay, le fameux maitre-verrier de Saint-Galmier, sont superbes. Dans le chœur le vitrail de droite doit être lu de bas en haut et on reconnaît chronologiquement : la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte.
Deux autels dédiés l’un à la Vierge et l’autre à Saint-Laurent dans chacun des bas-côtés sont remarquables. Sur l’autel du Saint-patron des fours mort martyr, brûlé sur un grilloir (sa statue en tient un avec la main droite : c’est ainsi qu’il est notamment invoqué par les rôtisseurs !), est gravée la célèbre phrase qu’il aurait prononcée sur ce «lit» de souffrance: «Assatum est jam versa et manduca» : en français «C’est cuit, change de côté maintenant et mange».
On remarquera une «Piéta» en stuc d’interprétation naïve et très colorée, comme les sont les scènes d’un beau Chemin de Croix à douze stations fixé aux murs.
La chapelle Saint-Roch
Elle a été construite pour demander à Saint Roch, patron des épidémies, de sauver Maringes de la diphtérie qui sévissait sur le village. C’est une chapelle à une seule nef dont la façade est percée d’une porte d’entrée à arc en plein cintre avec des murs latéraux munis d’une fenêtre. Ce modeste bâtiment a été élevé en 1895 sur une colline, à quelques pas du village. De cette chapelle, la vue sur la plaine du Forez est superbe et on peut voir jusqu’à 25 clochers par temps clair. Sur le pignon du mur de la façade, on a une statue de la Vierge en fonte peinte. Un pèlerinage s’y déroule le 16 août. Le bâtiment vient d’être sécurisé à l’ouest en raison de sa fragilité et une souscription en faveur de sa réhabilitation vient d’être ouverte auprès de la Fondation du Patrimoine (renseignements à prendre pour les dons auprès de la Mairie de Maringes et de la Paroisse Saint Irénée de Chazelles-sur-Lyon dont Maringes dépend)
Quelques pas dans Maringes pour sa découverte
Des maisons
Des cabanes et des croix
Des portes
Des fenêtres
Des portails
…Et des facades en pierre, en brique, en pisé, en brique et pierre….
Bonne visite.
En marge: un célèbre personnage qui a vécu un temps à Maringes.
Benoit Malon, un ligérien dont la vie a pris un ton érubescent à Maringes : est-ce l’effet du sol ?
Benoît Malon est né le 23 juin 1841 à Précieux, dans la Loire, dans une famille de paysans pauvres. Réduite à la misère à la mort de son père, en 1844, sa mère redevient servante. À 7 ans, Benoît doit quitter l’école, bien que bon élève, et devient berger pour gagner sa vie. Il garde des dindons, puis de porcs. En 1854, après le remariage de sa mère, il part travailler dans l’Ain. Six années durant, il est pâtre, tient les écritures du fermier qui l’embauche et gère sa comptabilité.
En 1859, il tombe malade, et se retrouve chez son frère Jean, instituteur à Margerie-Chantagret au-dessus de Saint Romain-le-Puy. Il suit la classe, lit beaucoup et travaille en parallèle comme journalier. Lorsque son frère est nommé instituteur à Maringes, il le suit. On est en 1860, Benoit a 19 ans et continue à aider son frère à l’école. Il se lie d’amitié avec plusieurs jeunes maringeons dont: Etienne Girin, sa sœur Jeannette, Benoît Meilland et Pierre Marie Fayolle. Il s’inscrit à Lyon, aux cours destinés à le préparer au petit séminaire. Il tombe amoureux de Jeannette Girin. L’amour est réciproque. Les parents s’y opposent car le jeune homme est destiné au séminaire. Cette passion a probablement joué un rôle dans le fait que, rentré au séminaire à Lyon en 1861, il n’y reste que quelques semaines, ne voulant plus être prêtre comme il le souhaitait auparavant. Très proche du curé de Maringes, M. Chavassieu, qu’il côtoyait régulièrement, il avait probablement assimilé que la prêtrise était un moyen d’ascension sociale et de culture, ce qu’il souhaitait. Il devient pendant quelques mois employé de commerce à la Croix-Rousse puis employé de banque à Trévoux (Ain). En février 1862, à Montbrison, Benoît Malon tire le numéro qui l’exempte automatiquement du service militaire. Libre, il se brouille pourtant avec Jeannette et monte à pied à Paris pour y chercher du travail. En 1863, il s’installe à Puteaux: il y devient ouvrier teinturier, puis rencontre Zéphirin Camélinat “Le Rouge” en 1865 avec qui, notamment, il fondera la Première Internationale. Il n’a pas rompu tous les ponts avec Maringes, puisqu’il continue à correspondre avec son ami Etienne Girin pendant 3 ans. Il reprend contact avec Jeannette mais celle-ci pense au mariage, situation que n’envisage pas Benoit. Elle finira par rompre tout contact. En septembre 1866, il est un représentant de la France et de Paris au premier congrès de l’Association Internationale des Travailleurs à Genève.
Admiré notamment par Jean Jaurès et Léon Blum, Benoît Malon rentre dans l’histoire du socialisme français.