PHIAAC ne pourrait pas continuer à exister s’il ne pas parlait pas du patrimoine sportif farlot…Il y avait bien sûr le football mais aussi la pêche dont nous vous parlerons régulièrement. Mais nous ne serions pas chazellois si nous n’évoquions pas les boules. Ce sport authentique a eu une grande importance dans la capitale des chapeaux. Ses équipes de boules furent à une époque presque aussi connues que ses fabriques de chapeaux. L’une d’entre elles portait d’ailleurs la double casquette (ou plutôt le double chapeau!). Qui n’a pas connu au niveau régional voire national Nicolas Beyron, fabricant de chapeaux mais aussi dirigeant au niveau national de la fédération de Boules, et René Beyron, son fils, lui aussi fabricant, grand joueur et membre d’une célèbre quadrette chazelloise.
Il n’est pas nécessaire de raconter à nouveau l’histoire des boules à Chazelles largement décrite dans Chazelles-Histoire. Rappelons rapidement que les trois associations boulistes créées avant et après la première guerre mondiale se sont réunies très tôt en 1943 sous un même nom: le «GROUPEMENT BOULISTE » qui est devenu un peu plus tard l’ «L’ENTENTE SPORTIVE BOULISTE DE CHAZELLES-SUR-LYON ».
Nous allons vous raconter quelques petites anecdotes autour des boules. Elles nous ont été proposées par André Gourgaud, un pilier du milieu bouliste de Chazelles. Nous sommes dans le monde de la boule lyonnaise.
Pour vous situer l’attrait que les boules ont sur les Farlots, voici une petite histoire. Peu après la guerre, Nicolas Beyron organise un concours de 32 doublettes avec inscription au Café Margotton. Les équipes sont tellement nombreuses à vouloir y participer qu’une longue file d’attente se forme à l’extérieur. Certains joueurs en viennent d’ailleurs aux mains, les uns tentant de resquiller, d’autres s’y opposant. Il faut que l’organisateur annonce un deuxième concours qui sera, lui aussi, complet pour calmer les esprits.
Pour vous situer le niveau des équipes : une équipe de Nationale vient jouer à Chazelles au Clos Courage. La semaine précédente, lors d’une compétition à Panissières, elle se vantait et disait ne pas voir qui pourrait bien la battre dans cette « chapelle » locale du boulisme. Ce jour-là Christophe Pavoux et André Gourgaud éliminent les prétentieux au premier tour.
On retrouve bien sûr une histoire en rapport avec Fanny. Cette charmante personne aux fesses rebondissantes, bien décrite par Marcel Pagnol dont les gens du Nord, tels « Monsieur Brun », s’approprient la paternité tout comme ceux du sud tel Pessuguet mais plus probablement aussi les Savoyards, aurait donc le parler franco-provençal (ce qui devrait arranger tout le monde même si cette langue n’est pas l’occitan, celle du sud). C’est elle dont il faut embrasser les rondeurs arrières quand l’équipe bouliste a perdu sans marquer un seul point au cours de la partie : le fameux 13 à 0. Les expressions; Faire fanny, Baiser Fanny, Être fanny ou Se prendre une fanny correspondent toutes à cette situation.
Pour permettre à chaque association de posséder sa Fanny à faire baiser à l’adversaire dans de tels cas, des statues en plâtre, en bois ou des tableaux ont été réalisés représentant des fesses dénudées pour remplacer un personnage réel. C’est ainsi qu’à Chazelles on retrouvait ces Fanny fictives. Il y en avait une à l’Amicale Laïque de la Rue Caderat, célèbre association bouliste. Un jour, un jeune élève de l’école de boule de cette Association avait pris pour cible les fesses de la Fanny posée dans un coin. Le tir fit mouche et la poterie explosa. André Gourgaud eut la lourde tâche de recoller les morceaux et de remodeler en plâtre les fesses de « Madame ». Aujourd’hui la Fanny de l’Amicale est toujours opérationnelle même si elle est malheureusement moins utilisée qu’autrefois. Les traditions se perdent mais la mémoire reste ! L’auteur nous rappelle aussi que préalablement à l’humiliation totale consistant se mettre à genoux sous le regard amusé des joueurs et spectateurs pour poser un baiser sur les fesses de la poterie on agite une clochette pour avertir tout le monde de cette défaite lamentable.
Une autre petite histoire drôle nous est proposée et se rapporte à un arbitre. Dans les années 1960, au grand prix Bouliste de la Chapellerie qui se déroulait rue Tourteron, l’arbitre, un bon gros bonhomme, se baisse pour mesurer un point litigieux et, bien sûr, qu’arrive-t-il ? Tout le monde l’aura compris : son pantalon craque à la couture centrale postérieure sur une longueur d’au moins 20 cm laissant apparaitre son anatomie. L’intéressé ne s’en aperçoit pas tandis que les joueurs l’ont tous remarqué. Ils vont prendre un malin plaisir à l’inviter à mesurer un nouveau point litigieux.
Il n’y a malheureusement comme partout pas que des histoires à rire dans le boulisme et André Gourgaud nous raconte une histoire triste. Un joueur chevronné doit tirer et frapper le but : cela rapportera 6 points. Partenaires et adversaires se mettent en situation de protection plus ou moins efficace compte tenu du risque de jet de but. Raymond Venet crie « magot » et tend le cou pour voir où en est le tireur. Il reçoit au même moment le but dans un œil. La blessure sera sévère associée à de nombreuses complications qui entraineront une incapacité de plusieurs mois.
Pour compléter ce petit hors d’œuvre boulistique qui devrait mettre en appétit tous les fanatiques de ce sport dans le canton sans bien sûr apaiser les boulimiques, voici quelques expressions entendues sur les jeux de Chazelles :
« On vous connaissait, alors on vous a laissé faire quelques points ! »
« Une ou deux touches de plus et on gagnait » (le tireur n’a pas été bon)
« Je n’arrive pas à me faire applaudir ! »
« Je joue avec un bon, alors ça va être facile »
André Gourgaud