Saint Denis-sur-Coise est un joli petit village situé dans les Monts du Lyonnais au bord de la Coise. Il appartient à l’arrondissement de Montbrison et au Canton de Chazelles-sur-Lyon. Membre de la Communauté de Commune de Forez en Lyonnais (CCFL), ce village est très agréable et se trouve à une altitude comprise entre 450 et 700 mètres d’altitude. Il a 625 habitants que l’on appelle les Sandounières ou les Saint-Dounières. Il comporte de nombreux mégalithes (probables lieux de cultes celtiques) comme on en trouve tout au long de la Coise, avec notamment le but de Samson, ce qui semble témoigner d’une fondation très ancienne du village.
L’église de Saint Denis-sur-Coise.
Quelques mots sur son histoire.
« L’ecclésia Sancti Dionissii », sous le vocable de Saint Denis, est signalée dès 1225. Elle dépend de l’abbaye de La Chaise-Dieu qui nomme en cure. En 1233 elle devient le « Priorato de Sancto Dionisio », un prieuré sous la dépendance de celui de Montverdun. En 1350, on retrouve « Sanctus Dyonisius » sur la commune de Saint Médard. Le lieu de culte prend ensuite le nom d’ « Ecclésia Sancti Dyonisii de Coisi » en 1370 et devient Saint Denis-sur-Coise au XVIII° siècle sur les cartes de Cassini. À l’aube de la Révolution Française, Saint Denis est toujours dépendant du séminaire Saint Charles de Lyon et du prieuré de Montverdun. Il est situé dans l’archiprêtré de Saint-Etienne et sous le baillage de Montbrison. Juge, châtelain, greffier et procureur de Chatelus veillent sur cette paroisse qui en dépend. C’est en 1513 que Claude Laurencin, un notable lyonnais, a acheté à Anne de France (héritière du dernier comte de Forez) Riverie et Chatelus avec Saint Denis dont il devient le seigneur. Pendant la révolution le village perd son saint et devient Denis-sur-Coise. Puis sous l’Empire il reprend son nom.
L’église actuelle.
En 1839 le cardinal Fesch meurt. C’était un homme d’église très influent, l’oncle de Napoléon 1°. C’est lui qui marie ce dernier à Marie-Louise en 1810. Il est primat des Gaules, archevêque de Lyon, grand aumônier de l’Empire. Après la chute de l’Empereur, il reste en poste mais demeure à Rome. Un prélat, Jean Paul Gaston de Pins, est nommé administrateur sur le diocèse de Lyon. Au décès de Fesch, c’est l’évêque du Puy-en-Velay, Maurice de Bonald, qui est nommé plutôt que l’administrateur. Il sera fait cardinal en 1843.
Maurice de Bonald est un bâtisseur qui va sillonner son diocèse et participer à la mise en route ou à la rénovation de nombreuses églises dans la région (dont 17 dans Lyon entre 1840 et 1875). Beaucoup ont subi d’importants dégâts au cours de la Révolution et le prélat est très engagé auprès des populations ouvrières à qui il ouvre de nombreux lieux de culte. Il pousse aussi notamment à la réintroduction des orgues dans les églises. On le trouve à Chatelus, à Saint Denis, à Montagny mais aussi à Saint Etienne où il bénit la première église Saint Charles en 1840 sur laquelle sera construite l’actuelle à partir de 1923 après l’incendie du toit.
En 1840, l’église de Saint Denis est détruite et reconstruite au même emplacement et sous le même vocable selon le vœu de ses habitants. Ceux-ci participent en totalité sur le plan financier, en grande partie pour l’apport des matériaux de construction (pierres, fers et bois) et dans la main d’œuvre nécessaire à cette édification. La première pierre est posée par Maurice de Bonald le 23 novembre 1841 et l’église est achevée un an plus tard en 1842. Elle comporte trois nefs supportées par des colonnes de style dorique. Les croisées sont ornées de vitraux (dont celui de Saint Denis) comme le chœur. Par-ci, par-là, on retrouve des pierres et ornements ayant appartenu à l’ancienne église et réutilisés. Une clé d’ogive comporte la date de 1842 et correspond à l’année de finition. Rappelons aussi que le clocher comporte un beau carillon fait de six cloches.
Un tableau dans l’église.
Il y a dans cette église de Saint Denis-sur-Coise au-dessus du la grande porte d’entrée à l’intérieur de l’édifice, un immense tableau que l’on voit mal tant il est peu éclairé, tant sa place est curieuse.
Il est pourtant très intéressant et reproduit l’extérieur de ce lieu de culte. Le style est très naïf avec ses petits personnages posés dans le paysage telle une crèche. On a un cortège imposant de gens d’église dont deux chanoines avec leur mosette noire. Ils entourent leur archevêque coiffé de la mitre épiscopale et tenant sa crosse pastorale. Il a probablement quitté son siège rouge et or de prélat qui tient le devant de la scène pour rentrer dans l’église. Les habitants qui assistent à cette cérémonie sont en prière et certains sont à genoux.
Le haut-prélat est visiblement en habit de cérémonie d’une couleur orangée, évidement différente dans sa couleur du tissu rouge qui recouvre le fauteuil ou le prie-Dieu. C’est cette couleur de vêtement assez surprenante qui attire l’ attention. Il ne s’agit pas d’une erreur du peintre qui force sur tous les détails.
On dit à propos de ce tableau sur la plaquette d’explication à l’entrée de l’église qu’il serait là en rapport avec un vœu exaucé dont on ne connait semble-t-il pas la nature. On ignore le nom de l’auteur. Il n’est, de plus, visiblement pas fait pour être là.
On peut donc tout aussi bien penser qu’il s’agit d’un tableau représentant la consécration de l’église par le cardinal de Bonald après qu’elle ait été achevée. L’archevêque est revêtu d’une chape épiscopale de couleur rouge orangé. Or sur deux portraits de ce prélat, on le trouve revêtu de cet habit de même couleur. S’agit-il tout aussi bien d’une représentation de Saint Denis, évêque de Lutèce mort décapité, naïvement représenté rentrant dans “sa” maison sous le regard des prêtres et des paroissiens?
Y a-t-il d’ autres interprétations pour ce tableau qui mériterait peut-être un autre éclairage et une meilleure mise en valeur ?