Louis-Coatalen-300

Louis Coatalen “Photo Sunbeam org.”

Louis Coatalen est un breton né en 1879 à Concarneau. Il fait des études secondaires à Brest puis  celles d’ingénieur à Cluny: c’est un gadzarts de la promotion 1895 qui commence à travailler en 1899 d’abord chez Panhard et Levassor puis Clément-Bayard et ensuite De Dion-Bouton. En 1901, il part pour l’Angleterre, chez l’automobiliste Humber à Coventry où il dessine la 8/10 CV puis la 10/12 CV Coventry-Humber. C’est le succès et cela remet sur pied la société alors en difficulté. Mais en 1907 il cesse sa collaboration avec Humber et s’associe avec le fabricant de bicyclettes William Hillman pour fonder la société Hillman-Coatalen Motor Car Co Ltd. pour produire des voitures toujours à Coventry. Il a 28 ans et son premier véhicule est équipé d’un 4 cylindres de 24/25 ch. qui participe au Tourist Trophy 1907 sans le terminer mais qui va établir le record du tour. L’année suivante, il pilote lui-même une Hillman-Coatalen et termine 9ième. Son ami  Kenelm Lee Guiness (K.L.G.)*, autre pilote de la marque ne  finit pas la course.

http://www.gracesguide.co.uk/Hillman_Coatalen_Motor_Co

http://www.gracesguide.co.uk/Hillman_Coatalen_Motor_Co

En 1909 il rentre chez Sunbeam Motor Car Company  Sunbeam à Wolverhampton comme ingénieur-chef et quitte sa société Hillman-Coatalen qui s’appellera désormais  Hillman, un fabricant de petites voitures. Il crée un modèle 14 CV qui marque le début de l’ascension du constructeur. Dès 1910, Louis Coatalen se lance dans la construction d’automobiles de course qu’il teste sur le circuit de Brooklands. Son prototype Nautilus, en forme de crayon avec un 4 cylindre de 4 244 cm3 présage des modèles suivants dont les Sunbeam Toodles II avec des moteurs de 3 litres qui participent en 1911 à la Coupe de l’Auto en France. L’année suivante, c’est le triomphe avec les trois premières places de la course, et les 3e à 6e places au Grand prix de France couru à Dieppe sur 1 500 km. Le véhicule peut tourner à la vitesse moyenne de près de 139 km/h. La marque et Coatalen connaissent une notoriété internationale et l’usine peut fabriquer 650 par an  dont la  Sunbeam 12/16, la 16/20 CV de 4 l et un véhicule équipé d’un moteur 6 cylindres de 6,1 l 25/30 CV.

Une Sunbeam 12-16 1910 http://www.antiqbrocdelatour.com/Les-collections/voitures-anciennes-doc/2g-photos-originales/Sunbeam%20-%20Model%2012-16%201910.jpg

Une Sunbeam 12-16 1910
http://www.antiqbrocdelatour.com/Les-collections/voitures-anciennes-doc/2g-photos-originales/Sunbeam%20-%20Model%2012-16%201910.jpg

Dans le même temps notre homme s’intéresse aux canots automobiles et aux avions  qu’il équipe de moteurs. Il rejoint la diection de Sunbeam en 1914. Pendant la guerre de 1914-18, Sunbeam  et Louis Coatalen participent à l’effort de guerre avec des moteurs  “Sunbeam-Coatalen” qui vont équiper notamment les avions Avro, Short… Les voitures légères de l’Armée britannique et les ambulances, sont des Sunbeam construites sous licence par Rover, Austin, Daimler ou Napier. En 1917 la France commande des hydravions avec moteurs Sunbeam de 350 CV. A la fin du conflit Sunbeam a une usine immense avec les meilleurs ingénieurs du moment.

En 1919, le dirigeable R-34 faisant suite au R-33 avec des moteurs Sunbeam construits par Coatalen effectue la première traversée de l’Atlantique Nord par la voie des airs en 4 jours et demi entre l’Écosse et New York avec un retour en un peu plus de 3 jours  soit 11 200 km à la vitesse moyenne de 61 km/h. L’exploit est salué dans le monde entier.

Dirigeable aglais R33 précurseur du R34 source:http://gallica.bnf.fr/

Dirigeable aglais R33 précurseur du R34
source:http://gallica.bnf.fr/

 En 1920  Sunbeam s’associe notamment  au constructeur français pour former une multinationale STD  (Darracq-Talbot-Darracq)  dont Louis Coatalen est directeur.  C’est la poursuite des succès en automobile avec  en 1921 les trois premières places du podium à la Coupe internationale des voiturettes de 1 500 cm3 au Mans pilotées par les mêmes amis : René Thomas, Kenelm Lee Guiness et Henry Seagrave. La même année, ce dernier, suivi de Lee Guiness et Malcolm Campbell,  gagne les 200 Miles de Brooklands à la vitesse moyenne de 142,91 km/h. En 1922 Guinness remporte à nouveau ces courses et en 1923 il gagne le Grand Prix de France puis d’Espagne. En 1924 à Montlhéry, les Sunbeam-Talbot-Darracq sont aux trois premières places. En 1925, une Sunbeam Super Sports finit deuxième aux 24 heures du Mans.

Louis Coatalen Source:http://gallica.bnf.fr/

Louis Coatalen
Source:http://gallica.bnf.fr/

Au même moment en 1922, Guiness atteint à Brooklands la vitesse de 216 km/h au volant d’une  Sunbeam 350HP de 1 tonne et demi avec moteur Manitou V12 de 18 322 cm³ développant 350 CV et Malcolm Campbell devient recordman de vitesse à terre en atteignant 235,217 km/h avec le même engin peint en bleu, la «Bluebird»,  un peu modifié. C’est la première d’une série de « Bluebird » qui vont accumuler les records dont près de 243 km/h en 1925.

"Beaulieu National Motor Museum Sunbeam 350 pk 15-10-2011 13-00-32" by Paul Hermans - Own work. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Beaulieu_National_Motor_Museum_Sunbeam_350_pk_15-10-2011_13-00-32.png#mediaviewer/File:Beaulieu_National_Motor_Museum_Sunbeam_350_pk_15-10-2011_13-00-32.png

“Beaulieu National Motor Museum Sunbeam 350 pk 15-10-2011 13-00-32” by Paul Hermans – Own work. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons – http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Beaulieu_National_Motor_Museum_Sunbeam_350_pk_15-10-2011_13-00-32.png#mediaviewer/File:Beaulieu_National_Motor_Museum_Sunbeam_350_pk_15-10-2011_13-00-32.png

 

 

En 1926 les activités de course de STD sont transférées en France à Suresnes et les records tombent les uns après les autres. En 1927 la Sunbeam Mystery S de 1000 CV de Louis Coatalen bat le record mondial de vitesse avec 327 km/h  à Daytona Beach en Floride. La «Limace», c’était son surnom, mesurait un peu plus de  6 mètres, pesait près de 4 tonnes et était équipée de 2 moteurs d’avion Sunbeam de 12 cylindres en V avec 48 bougies KLG donnant une cylindrée de 45 litres et un peu moins de 1000 CV.

https://youtu.be/v1rTAHkw114

Cet exploit marque le dernier grand triomphe de Sunbeam et de Louis Coatalen. En effet un revers de réussite vient tout de suite après avec l’échec de la  «Silver Bullet» sur la même piste en 1930 aux USA où le véhicule devient la risée de ce pays, incapable les 300 km/h malgré ses 2000 CV.

La Sunbeam Silver Bullet de Coatalen. Source: Richard LeSesne / State Archives of Florida, Florida Memory. http://en.wikipedia.org/

La Sunbeam Silver Bullet de Coatalen. Source: Richard LeSesne / State Archives of Florida, Florida Memory. http://en.wikipedia.org/

 

https://youtu.be/fU5RiUg22gU

 

Notre ingénieur surmené et malchanceux  est alors contraint au repos pour une affection cardiaque (infarctus?) et rentre se reposer en France. La crise de 1929 arrive et Sunbeam, trop orienté sur le luxe et la compétition souffre beaucoup. Notre homme reprend des activités en 1931 dans la Société française des freins hydrauliques (Lockheed) et chez KLG Sparking Plugs (branche française) dont il prend le contrôle et la direction et notamment l’usine de Saint-Cloud. Sa passion le pousse cependant  à continuer de  réaliser des moteurs dont un remarquable moteur V12 converti au Diesel pour l’aéronautique.

En 1938, un an après la mort de son ami  Kenelm Lee Guinness,  il installe une autre usine de cette société anglaise KLG à Chazelles-sur-Lyon dans l’ancienne chapellerie  Provot. C’est ainsi que devrait débuter dans cette ville la production de bougies d’allumage. La guerre a t-elle un peu modifié les plans de mise en route?

Pourquoi Louis Coatalen a-t-il choisi pour s’installer le site de la Manufacture Française de Chapeaux feutre et laine de l’alsacien Eugène Provot mort en 1932 qui continuait à fabriquer du feutre ?

Les pistes sont nombreuses mais les indices sont légers. Toutes les informations que vous pourrez nous fournir seront étudiées dans une coopération totale. On a parlé dans les années précédant la 2° guerre mondiale de la venue de Peugeot sur le site. Eugène Provot n’avait pas de repreneur dans la famille. La manufacture semblait s’être orientée vers le feutre industriel puisque l’on retrouve trace de cette fabrication notamment pour le graissage des vilebrequins de moteur. Louis Coatalen devenu équipementier automobile était-il rentré en contact avec les responsables de l’usine ?

Nous vous donnerons rapidement  la suite de l’aventure KLG avec la description de la mise en place de l’usine en 1938 puis pendant et après la guerre et l’arrivée d’un fils de Louis Coatalen aux commandes du site.

Kenelm Lee Guinness http://commons.wikimedia.org/

Kenelm Lee Guinness
http://commons. wikimedia.org/

* Kenelm Lee Guinness (K.L.G.).  Ingénieur de l’université de Cambridge, passionné d’automobile, frère de Sir Algernon Guiness, il invente et fabrique la bougie d’allumage KLG, avec du mica pourisolant au lieu de la traditionnelle porcelaine. À la fin des années 1900, il installe dans le quartier de Putney à Londres un atelier de mécanique où il débute également la production de ses bougies KLG réputées pour leur fiabilité et qui équipent les avions britanniques durant la Première Guerre mondiale. En 1919 il vend à Smith les droits de distribution mondiale KLG et s’offre un dragueur de mines, le « Samuel Green » qu’il reconverti en bateau de pêche l’ »Ocean Rover » puis en yacht pour transporter les véhicules de course pour les compétitions. Il a eu parallèlement une carrière de coureur automobile entre 1907 et 1924 sur des Talbot, Minerva, Hillman, Sunbeam, Talbot et Darracq C’est ainsi qu’il a connu Louis Coatalen, ingénieur en chef de ces sociétés, devenant l’un de ses amis personnels. En 1924, à San Sebastian, il est victime d’un grave accident : il est gravement blessé et son mécanicien est tué. Il doit se retirer du monde des courses en 1926.Cependant il accompagne son ami Segrave à Daytona Beach pour y battre le record de vitesse automobile en mars 1927 sur la Sunbeam 1000 hp Mystery « The Slug »  de son ami Louis Coatalen. Elle était équipée de 48 de ses bougies KLG. Dépressif, souffrant de douleurs après ses blessures dues à l’accident de 1924, ayant vendu son entreprise de bougies en 1927, divorcé en 1936, il se suicide en 1937.  L’usine KLG a employé jusqu’à 1500 ouvriers à son apogée.