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Elle est ainsi mentionnée sur le cadastre napoléonien établi par le géomètre Blanc sous la municipalité Blanchon en 1829. On parle alors de la Place de la Poterne qui se situe à l’endroit exact de la place actuelle, limitée au nord-est par des maisons prolongeant la rue de la Font, au sud-ouest par la Grenette attenant à l’aile du château qui le relie à l’église, son  donjon et une de ses deux tours , au nord-ouest par les rues de la ville et au sud-est par des jardins et terres notamment celle de « Ramosse».

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On la trouve aussi mentionnée sur le plan de la ville établi à la fin du XVIII° siècle et provenant des archives de M° Meunier, édité par la Diana en 1901 dans un article de Maurice de Boissieu. Sa situation est strictement la même.  Elle porte encore le nom de Place Poterne.

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Elle est mentionnée sur un plan de la commanderie établi en 1798 par Barthelemy Gros  après la  vente du château à Mr Montaigne de Poncins.  Elle est alors située tout au sud dans le prolongement  des jardins-vergers de la Commanderie et porte le nom de Place de la Poterle tandis que la place précédemment décrite prend  sur ce plan le nom de Place des Charmilles.

Dans le livre d’Hyppolite Bourne, la place Poterne  apparait lors de la visite de 1753 par une délégation de commandeurs. Elle est nommée place de la Poterle et se trouve au-delà du jardin de la Commanderie au sud. Son accès se fait par une porte de 3 pieds de large et de 6 de haut incluse dans le mur qui délimite le dit jardin. La place située au nord est décrite comme divisée en deux : le cimetière du côté de l’église  et une place publique le jouxtant.

Il nous faut donc résoudre un problème d’emplacement.

 Si l’on en croit les deux premiers plans, la place Poterne se trouve exactement à l’emplacement actuel. Elle a été ouverte à la vraie cour du château au début du 19° siècle avec la démolition de la grenette et de la tour-donjon. Un petit bâtiment accolé à l’église restera en place jusque dans les années 1970, servant d’abord d’école pour les filles tenue par les sœurs Saint-Charles avant qu’elle ne rejoignent le nouveau bâtiment du Boulevard du Nord au tout début du 20° siècle, puis de salles de catéchisme, notamment, bien après leur départ. Cette cour a vu aussi la disparition du bâtiment de la justice du temps des commandeurs transformé en mairie avant que celle-ci n’aille en face de l’église après modification de la place du même nom et agrandissement du sanctuaire, création de la façade et du clocher actuel. Lors de tous ces travaux on parle d’ouverture de la place de l’Eglise sur la place Poterne.

Si l’on s’en réfère aux écrits d’Hyppolite Bourne, la place Poterne se situe derrière le jardin de la commanderie sur le Boulevard du Sud entre la terre Ramousse ou Ramosse et la rue des Ecoles. Son nom étant directement lié à cette petite porte dans le mur qui l’entoure. On est dans le même situation que le plan dressé en 1798 par Mr Gros.

POTERNE, POTERLE…

Revenons à la dénomination de cette place.

Poterne dérive du mot poterle qui vient lui-même d’un mot de vieux français, attesté au 13° siècle, posterle (posterne)ou petite porte et du bas latin posterula ou porte de derrière (le mot est retrouvé dans le célèbre Gaffiot pour les anciens latinistes. Ce terme s’accompagne généralement d’une notion de galerie ménagée dans les fortifications des château-forts et pour faire des sorties secrètes. La porte qui ferme cette galerie est une poterne. En occitan le terme posterle a survécu. On le retrouve fréquemment dans la Drôme et les Basses-Alpes.

La poterne fait une communication avec l’extérieur de la ville fortifiée. Elle s’associe aussi à la notion d’alerte, ce passage permettant aux défenseurs de gagner rapidement les postes de défense en cas d’attaque. Dans d’autres cas elle s’associe aux cimetières lorsqu’ils finissent par être placés en dehors des murs de la ville à partir du 18° siècle. C’est le cas pour Chazelles qui en 1753 a son cimetière au nord de la ville hors de la muraille, au plus près de l’église. Certains avaient coutume d’éclairer la porte donnant sur le cimetière avec une lanterne jusqu’à l’ensevelissement du défunt. Ces éléments additionnés permettent de dire que la poterne se trouvait probablement aussi vers le cimetière et sous les remparts.

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En lisant le livre de Bourne on trouve une autre piste pour placer définitivement cette poterne dans les murs de la ville et au niveau de la première muraille construite au XII° siècle avant que le faubourg ne soit lui-même protégé au XV° siècle.

On lit qu’en septembre 1792, Jean Marie Besson « Le Coq » démolit les murs du jardin de la Commanderie divisés en deux parties dont celle la plus proche de l’église qui servait de cimetière jusqu’en 1770, année où il est parti à Saint Roch (la place Thiers ou Ch.de Gaulle aujourd’hui).

« La rue Processionnelle était fermée par le mur d’enceinte dans lequel s’ouvrait une petite porte par laquelle on accédait à une sorte de couloir formée par le mur d’enceinte et les maisons Lamarque, Mauvernay, Laurent et Joannon y adossées et un autre mur qui entourait le jardin. Cet étroit passage n’avait qu’un mètre et demi de largeur et débouchait à l’angle de la maison Joannon, laquelle était située en face de la maison neuve actuelle de Mme veuve Fayolle, ….C’est ce mur qui fut détruit à la date signalée plus haut.

Le mur d’enceinte est bien inventorié sur les cartes anciennes et part d’une tour située à l’angle de la rue de la Font et de la place Poterne. Il se dirige vers le bâtiment qui joint l’église et la Tour-donjon en traversant la rue Processionnelle située derrière l’église très certainement reliée au cimetière tout proche par cette fameuse porte qui correspond beaucoup plus à la définition d’une poterne que celle située au bout du verger à l’est.

Mais finalement, quel que soit l’endroit de la poterne d’hier à l’origine du nom de la place actuelle, s’y intéresser nous a permis de remonter un peu le temps, de remettre au jour la fonction du château et de ses murailles, de revoir quelques pages de l’histoire de Chazelles, de relire le livre d’Hyppolite Bourne et de se rendre compte des profonds changements intervenus dans le centre de la ville depuis 200 ans.

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La place (de la) Poterne dans les années 1960