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Rassemblement des ouvrieres et ouvriers de l’usine Provot à Chazelles-sur-Lyon

 Comment rapprocher Chazelles-sur-Lyon et ses chapelleries avec la Fête du travail, synonyme d’action ouvrière, autrement que par un syndicalisme ouvrier très fort dans cette industrie. Les chapeliers étaient très unis et avaient obtenu très tôt de nombreux avantages sociaux bien avant d’autres branches industrielles. Une Fédération était déjà créée en 1879 avec pour titre Société générale des ouvriers chapeliers de France. C’etait la première fédération nationale de métier constituée en France. En 1900, elle prenait le titre de Fédération des syndicats ouvriers de la chapellerie française. Son 13e Congrès eut lieu d’ailleurs à Chazelles-sur-Lyon du 15 au 21 juillet 1906.

Comment rapprocher la Fête du Travail avec la fête du Printemps et la journée du muguet? Seuls quelques mots d’histoire peuvent nous aider! Sachez dès à présent que le muguet est au rendez-vous cette année à Chazelles pour ce 1° mai. En témoigne ce joli brin photographié ce jour au jardin.

 

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Depuis l’antiquité, les hommes célèbrent le muguet, symbole du printemps, signe de vie et d’avenir. C’est la Convallaria majalis, ou convallaire de mai qui pousse dans les vallées. On l’appelle aussi lys des vallées. Sa formulation anglaise est « lily of the valley ». Le nom français date d’environ 1200 : mugue ou musguet, un dérivé de musc du fait du parfum que donne la fleur. Il est censé nous porter chance, comme toutes les cloches. Le muguet est la fleur traditionnelle du 1er mai, fête du Printemps, depuis 1561 : le roi Charles IX offrait depuis cette date un brin de cette fleur chaque année aux dames de la cour. Cette coutume s’est étendue rapidement dans le royaume. A la révolution, en 1793, le calendrier républicain associe le muguet au jour républicain du 26 avril et cette fleur tombe alors dans l’oubli.

La fête du Printemps devient la fête du Travail.

La Fête du Travail, (ou Fête des travailleurs) célébrée dans de nombreux pays du monde pendant la journée du 1er mai porte les revendications sociales du travail. L’origine de cette célébration proviendrait des Etats-Unis avec la revendication des 8 heures de travail  lancée le 1er mai 1886 se terminant dans le sang avec le massacre de Haymarket Square de Chicago.

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Par Harper’s Weekly — http://www.chicagohs.org/hadc/visuals/59V0460v.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3424664

Trois ans après les émeutes de Chicago, en 1889, l’International socialiste se réunit à Paris et adopte le 1er mai comme «journée internationale des travailleurs». En 1890, les manifestants arborent un triangle rouge qui symbolise leur triple revendication: 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs, insigne remplacé par une fleur d’églantine rouge, symbole de la Gauche ouvrière… Il faut signaler qu’à peu près à la même époque, en France, on assiste à la fusillade de Fourmies, dans le Nord, en 1891 au cours de laquelle l’armée tire sur des grévistes revendicateurs pacifistes réclamant eux aussi les 8 heures de travail. 

On peut aussi évoquer le 1er mai 1906 qui démontre la force de la CGT (*) demandant toujours la journée de 8 heures, obligeant le gouvernement à mobiliser l’armée à Paris et dans toutes les grandes villes, créant la panique générale, faisant se vider les épiceries et obligeant  Clémenceau à la répression en emprisonnant Griffuelhes secrétaire général de la CGT et Louis Lévy son trésorier au motif de complot. 

fusillade fourmiPar E. Glair-Guyot (after photograph of M. Perron) —
Bibliothèque nationale de France, Domaine public,
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3852366

Ce n’est qu’en 1919 que le Sénat ratifie la journée de 8 heures et fait du 1er mai de l’année suivante, à titre exceptionnel, une journée chômée. Depuis, le premier jour du mois de mai est resté la journée internationale des revendications salariales et des défilés des travailleurs. Le 1er mai 1936 va d’ailleurs durablement marquer le monde ouvrier avec l’obtention des deux premières semaines de congés payés et la semaine de 40 heures. En 1941, le 1er mai devient la «Fête du Travail et de la Concorde sociale». Mais ce n’est qu’en 1947 que le 1er mai est un jour chômé et payé. Aujourd’hui, la Fête du travail est un jour chômé dans la quasi-totalité des pays d’Europe à l’exception des Pays-Bas et de la Suisse.

C’est au début du XX° siècle que la tradition du muguet se confond avec celle de la Fête du Travail qui supplante alors l’églantine rouge car le muguet ressort en 1895, grâce à Félix Mayol.  Cet artiste accroche à sa boutonnière un brin de muguet qui lui porte chance. Il décide d’en faire son emblème et très populaire à l’époque, il relance par la même occasion la carrière du muguet. Le 1er mai 1900, les grands couturiers parisiens organisent une grande fête où les femmes présentes en reçoivent quelques brins. Christian Dior en fait le symbole de sa maison de couture. Cette fleur printanière porte-bonheur arrive alors très vite dans la rue car, dès 1932, la vente du muguet par tous y est autorisée tous le 1er mai.

Quelques dictons.

  • « Au premier jour de may, la pluie, les coings, Madame, sont cueillis. »
  • « Au premier mai, fleurit le bon muguet. »
  • « De la pluie le premier jour de mai, ôte aux fourrages de la qualité. »
  • « Quand le premier mai, la pluie oint, il n’y aura pas le moindre coing. »
  • « Quand il pleut le premier jour de mai, les vaches perdent la moitié de leur lait. »
  • « Quand il tonne le premier jour de mai, les vaches auront du bon lait. »
  • « S’il pleut le premier jour de mai, les coings ne seront qu’aux haies. »
  • « S’il pleut le premier mai, le bœuf gagne et le cochon perd. »
  • « S’il pleut le premier mai, peu de coings, s’il pleut le deux, ils sont véreux, s’il pleut le trois, il n’y en a pas. »

(*) En mai 1864, la loi Ollivier abroge la loi Le Chapelier interdisant les organisations ouvrières. L’Association internationale des travailleurs dite 1° Internationale est alors créée à Londres. En 1869, Eugène Varlin, délégué de l’AIT et Nathalie Lemel créent la Fédération Parisienne des Sociétés Ouvrières autour de la Société de Solidarité des Ouvriers Relieurs de Paris préexistante, noyau parisien de la future CGT nationale. En 1884, les syndicats professionnels ouvriers et patronaux sont légalisés à l’initiative de Pierre Waldeck-Rousseau. La Confédération générale du travail, abrégée en CGT, est un syndicat français de salariés créé le 23 septembre 1895 à Limoges. En 1902, la CGT parachève son unité à Montpellier. La Fédération des Bourses du travail s’efface en tant que centrale et ses organisations s’intègrent dans la CGT. Le syndicat se structure avec l’action d’hommes comme Victor Griffuelhes et Émile Pouget. La CGT compte alors 100 000 adhérents.

PS. On découvre que c’est aussi le jour où l’on fête Jean-Louis Bonnard de Saint-Christo-en-Jarez, saint local martyr évangélisateur du Tonkin, décapité en 1852, missionnaire des Missions Etrangères.