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Bataille des Byzantins contre les Sarrazins. Le feu d’artifice.

L’histoire des feux d’artifices

Les origines des feux d’artifice remontent à la conception des premiers explosifs par les chinois, au 2e siècle avant Jésus Christ. Plus que rudimentaires, ces petites bombes étaient des morceaux de bambou séchés qui, jetés dans le feu, éclataient sous l’effet de la chaleur en faisant sursauter les adversaires qui s’aventuraient trop près.

Au 6°,7° siècle, les Chinois améliorent leur technique en fabriquant de petites fusées remplies d’une substance pâteuse concoctée à partir de résine, de soufre, de charbon de bois, de bitume et de salpêtre. Ces engins piqués au sol, vomissent une pluie de flammes qui repousse l’ennemi et dégagent des gaz qui peuvent propulser un projectile. Ils lancent ainsi, au-dessus de la tête de leurs adversaires, des flèches enflammées lancées par des petites bombes remplies d’une poudre noire qu’ils finissent par fabriquer avec du salpêtre, du charbon de bois et du soufre. A la même époque, les Byzantins utilisent le feu grégeois (un liquide qui s’enflamme au contact de l’eau en scintillant et pétaradant) au siège de Constantinople et épouvantent les sarazins avec ces feux étranges fabriqués avec de la résine inflammable de pin, de naphte et du soufre. Aucun ennemi ne sera capable de le reproduire.

Les croisés découvrent à leurs dépens un équivalent de ce feu gregeois, (probablement la même recette que la pâte chinoise) utilisé par les arabes et lancé par des catapultes. Ils ramène le procédé en Europe. L’histoire ne dit pas s’ils sont venus avec à Chazelles avec cette substance et le feutre! C’est d’ailleurs ce dernier qui, imprégné d’urine ou de vinaigre, protégeait les navires ottomans  de la combustion par le feu gregeois après avoir constaté que ces liquides éteignaient les nappes de flammes.

La poudre noire arrive aussi  en Europe avec  Marco Polo qui la ramène de Chine et elle est utilisée en France pour la première fois avec des bombardes à la bataille de Crécy en 1346 par les Anglais.

Deux siècles plus tard,  elle va servir à lancer les premiers feux d’artifice à l’occasion des festivités. C’est en Italie, vers 1540, que l’on voit apparaitre les premières fusées colorées. On a découvert que certains sels minéraux donnent des effets de couleur au contact d’une flamme. Les feux d’artifice deviennent alors très populaires en Europe. En 1612, pour son mariage avec Anne d’Autriche, Louis XIII organise un immense spectacle de feux d’artifice.

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Matthaeus Merian, Eau-forte et burin. http://inha.revues.org/Mariage Louis XIII.

En 1739  la famille  Ruggieri quitte l’Italie pour s’établir à Paris. La même année, des festivités tournent mal lorsque les artificiers voulant se faire concurrence lancent toutes leurs pièces en même temps. Il s’ensuit une gigantesque explosion qui a fait 40 morts ! En 1743, c’est le grand succès du spectacle donné par les frères Ruggieri devant le roi Louis XV au théâtre de la Comédié Italienne: ils utilisent un effet pyrotechnique de leur invention : une mèche de communication qui assure le transport du feu. Ils deviennent les artificiers du roi. Ils réalisent des feux d’artifice avec “machines à grand spectacle” pour la ville de Paris, des “impromptus” à Versailles pour la famille royale, des feux de jardin, des feux de table, des pantomimes pyrotechniques. Ils servent aussi la cour d’Angleterre.

En 1780 c’est le début de la chimie avec la découverte des chlorates par Berthollet: ils permettent d’obtenir des couleurs de plus en plus vives.

A la fin  du XVIII° siècle ces feux d’artifices se raréfient car trop coûteux. Ils reviennent comme divertissement sous le 1°Empire où l’on renoue avec la tradition de fêtes pyrotechniques. Ce sont les  fusées des Ruggieri qui célèbrent en 1810 le second mariage de Napoléon 1er et ent plus encore sous Napoléon III.

La IIIème République va suivre le mouvement, en illuminant en 1880 le 14 juillet choisi comme fête nationale par des feux de Bengale, des rassemblements et des fêtes en plein air.

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Feu d’artifice, Paris L’Observatoire, 14 juillet 1880

 

Le succès est au rendez-vous et la fête se renouvelle désormais d’année en année : riche ou pauvre, toute municipalité a désormais son feu d’artifice. Un 14 juillet sans pétards et illuminations, ça n’existe plus !

Les Couleurs et les images. 

Jusqu’au XIX° siècle et avant l’avènement de la chimie moderne, les feux d’artifice étaient principalement jaunes ou blancs.

Les différentes couleurs s’obtiennent en utilisant des sels de métaux. Sous l’action de la chaleur de la combustion, ils se décomposent en émettant une lueur colorée caractéristique de l’élément chimique

  • Pour la couleur rouge on peut utiliser du strontium
  • Pour la couleur jaune on peut utiliser du sodium
  • Pour la couleur bleue on peut utiliser du chlorure de cuivre
  • Pour la couleur or on peut utiliser du fer (limaille), du carbone (charbon) et du soufre
  • Pour la couleur verte, on peut utiliser des composés de baryum
  • Pour le blanc on utilise   le magnésium ou l’aluminium
  • Pour faire de la fumée, on utilise la poudre de zinc
  • Pour les étincelle,, on prend des granules d’aluminium
  • Etc…

Principaux procédés entrant dans les programmes de feux d’artifice

Les jets :

Disposés sur des supports de bois fixes, c’est la figure de base. La composition pyrotechnique est comprimée dans un tube en carton fort. Après l’allumage, une flamme s’échappe en projetant des étincelles en fontaine ou en cascade. Montés sur des supports tournants, ils donnent des soucoupes ou des soleils.

Les chandelles romaines :

Petit canon à répétition qui projette différentes compositions. Ces compositions sont empilées et enserrées dans des chasses de poudre noire et reliées par des espolettes (retard pyrotechnique qui permet de retarder l’explosion d’une pièce d’artifice, au moment où celle-ci monte dans les airs. L’espolette est située à l’intérieur de la pièce d’artifice).

Les Bombes :

Ce sont elles qui produisent à plusieurs dizaines de mètres d’altitude de multiples étoiles, explosions bruyantes et colorées. Elles sont mises à feu dans des mortiers d’acier ou de carton enterrés dans le sol. la mèche d’allumage transmet la flamme à la poudre noire de la chasse, la compression des gaz ainsi créé propulse la bombe vers le haut. L’espolette à combustion lente contient le feu et est calculée pour mettre à feu les étoiles contenues dans l’enveloppe à l’apogée de la trajectoire de la bombe. La fusée comprend deux parties distinctes: un cône rempli de poudre noire et un cylindre pleins de produits chimiques. Au moment de l’explosion, le premier propulse le second; une fusée-détonateur assure un délai entre l’allumage et le lancement. Une fois la pièce pyrotechnique dans les airs, une autre explosion entraîne la rupture de l’enveloppe de produits chimiques, lesquels, en s’enflammant donnent de fantastiques effets lumineux. Les feux d’artifice éclatent à une altitude variant entre 50 et 250 m du sol.

De nos jours les artificiers utilisent des ordinateurs pour programmer les allumages des pièces pyrotechniques; autrefois on enflammait la mèche à la main.

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« Preparing Firework ». Sous licence CC BY-SA 2.5 via Wikimedia Commons. Préparation d’un feu d’artifice.

Le feu d’artifice de Chazelles.

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Cette année, comme les autres d’ailleurs, il a été exceptionnellement beau. Il était péparé, construit et organisé autour du thême de la Camargue avec un accompagnement musical de circonstance qui osait suggerer dans les images formées au dessus de nos têtes, des chevaux galopants, des gens du voyage dansants, des fleurs improbables venues sur cette terre souvent inondée de mer.

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Figures du feu d’artifice de Chazelles.

 Les explosions et crépitements étaient autant de bruits de sabots des innombrables taureaux courant en troupeau et frappant un sol constamment séché par le soleil et blanchi par le sel. Les tons or avec les pointes de rouge donnaient des airs de féria à un ciel constellé d’étoiles.

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Figures du feu d’artifice de Chazelles.

Un très beau spectacle: merci à la municipalité qui fait cette année encore l’effort de nous offrir un tel spectacle 

La vidéo commence lentement: ne perdez pas patience. Vous avez l’enregistrement intégral du spectacle avec ses petits temps morts. Bonne lecture et cherchez vous aussi cette Camargue que la musique vous suggère.